Le fils d’Hubert Caouissin et Lydie Troadec, désormais âgé de 13 ans, est au cœur du procès de l’affaire Troadec. Le petit Jean a vécu isolé et marginalisé par ses parents durant son enfance, et il avait été mis dans la confidence après le quadruple-meurtre de son père…
Il était absent du procès, et pourtant, son souvenir a souvent été rappelé au cours des audiences où l’on le surnomme “l’enfant de l’affaire Troadec“. Jean (son prénom a été modifié), fils des accusés Hubert Caouissin et Lydie Troadec, n’a que 13 ans et il est un personnage-clé dans l’affaire. Sa vie a basculé à jamais en février 2017, lorsque son père a tué Pascal Troadec, son beau-frère, ainsi que l’épouse et les enfants de ce dernier. Lydie Troadec, la femme du meurtrier et mère du petit Jean, l’avait aidé à dissimuler les corps. Les jours qui ont suivi le quadruple-meurtre, le jeune garçon est resté isolé dans la ferme de ses parents de Pont-de-Buis, dans le Finistère, le temps que ses parents parachèvent leur macabre besogne et effacent toutes traces des corps.
Puis, peu avant d’être arrêté, Hubert Caouissin s’était confié à son fils, qui n’avait que 8 ans à l’époque. Il lui avait demandé de le tenir au courant s’il entendait parler de l’affaire Troadec à la télévision. Et lorsque le drame a été médiatisé, il lui a soufflé, selon Le Monde: “Tu vois, le monstre que tout le monde recherche, eh bien, c’est papa. Papa a perdu son contrôle“.
C’est alors qu’il lui a demandé s’il préférait un “papa mort” ou un “papa en prison à vie“. Une terrible question qui hante encore le jeune garçon, selon le témoignage des éducatrices.
Un “enfant qui exprime peu d’émotions”
Le 8 mars 2017, ses parents venaient d’être placés en garde à vue. D’après 20 Minutes, lorsque Tiffany Blondel, cheffe d’équipe au conseil départemental du Finistère, était venue chercher l’enfant, celui-ci dessinait sous la véranda de sa grand-mère. Son œuvre était “assez morbide” et représentait des “tuyaux avec du sang qui coule“, s’est-elle remémorée. Et de préciser: “C’est un enfant qui exprime peu d’émotions. Il n’a pas pleuré, il était dans son monde“. Un petit garçon féru d’histoire, de chevaliers et de Moyen-Âge.
“Il a tout raconté à son fils de 8 ans.”
Affaire Troadec : le procès souvre demain, Hubert Caouissin sera jugé. Il a reconnu avoir démembré les corps de Pascal, Brigitte, Sébastien et Charlotte Troadec.On en parle avec @FrRousseaux dans #Quotidien pic.twitter.com/mbSgEZl820
— Quotidien (@Qofficiel) June 21, 2021
Son étonnant témoignage
Puis, Jean a été entendu par le juge des enfants. “Papa m’avait dit un secret le 2 mars : que c’était lui qui avait tué la famille Troadec, et là, j’ai pleuré. Qu’il avait tué les quatre membres. Il a parlé de la voiture, qu’il avait effacé les traces avec un peu l’aide de maman et qu’ils avaient fait disparaître les corps. C’est papa qui m’a raconté tout ça. Je me souviens bien que c’était le 2 mars, car j’enregistre tout“, avait-il expliqué au juge, rapporte Le Point.
Très éveillé malgré son jeune âge, le petit garçon avait poursuivi son témoignage: “C’est surtout papa qui a fait le principal. Maman a aidé un peu. Elle a juste nettoyé un peu le pantalon de papa et les taches de sang dans la voiture de Sébastien. C’est papa qui me l’a dit. Papa fera beaucoup plus d’années de prison que maman“.
Un garçon isolé, déscolarisé, marginalisé
Au départ, Jean n’exprimait pas ou peu ses émotions. Il aura fallu attendre environ un mois pour que celui-ci comprenne, au moins en partie, la gravité de la situation et se mette à pleurer. Mais depuis qu’il a été placé en foyer, le petit garçon a également eu l’occasion de vivre des choses “merveilleuses“, selon ses mots, grâce aux éducatrices qui l’emmenaient en balade à la mer et acheter des vêtements. Autant de moments qui étaient “des premières fois” pour Jean, qui a toujours vécu de manière isolée avec ses parents, et qui avait été très tôt déscolarisé par son père.
Une solitude qui a affecté le jeune garçon. “À la ferme, l’enfant s’était lié d’amitié avec une poule qui s’appelait Heidi et qu’il considérait comme sa sœur“, a notamment expliqué une psychiatre à qui il a parlé de longues heures.
Un avenir à construire
“Aujourd’hui, c’est un mineur qui ne se présente plus du tout en lien avec l’affaire, qui a bien compris ce qui se passe aujourd’hui, qu’il est un individu à part entière, qu’il a le droit d’évoluer, d’avoir une vie future“, a asséné une éducatrice. Il commence même à songer à sa future vie professionnelle, en tant que médecin, chercheur ou écrivain.
Jean a chargé son administratrice de dire à ses parents qu’il les aime, mais qu’il préfère la “relation à distance“.