“Le confinement doit se poursuivre jusqu’au lundi 11 mai”, a annoncé le président Macron ce 13 avril. Scénarios et hypothèses envisagés pour le déconfinement progressif et par étape.
[Mise à jour mercredi 15 avril à 12:44] Invité sur France Inter le 14 avril, Christophe Castaner a appelé à la prudence quant à l’échéance de notre enfermement : “Le déconfinement, le 11 mai, n’est pas une certitude mais un objectif. Ce qu’a annoncé le président de la République hier, ce n’est pas le déconfinement le 11 mai, c’est le confinement jusqu’au 11 mai”.
Quant aux lieux de restaurations et de rassemblement, le ministre de l’Intérieur a confirmé que leur réouverture n’était pas à l’ordre du jour:“Nous allons exclure les restaurants, les cafés des lieux qui sont des lieux de forte promiscuité. La date [de réouverture] n’a pas été fixée”.
Enfin, Christophe Castaner a précisé que la multiplication des tests ne signifierait pas qu’ils seraient accessibles à tous: “Ce qu’il ne faut pas imaginer, c’est que chacun décide de faire des tests, dans la mesure où plus de 95% de la population seront négatifs”. Tout en déclarant qu’il ne fallait “pas négliger les pénuries”, le ministre de l’Intérieur a ajouté “Il est nécessaire de faire les tests dès lors qu’il y a un risque. Par contre imaginer que l’on teste tous les Français tous les jours serait peut-être quelque chose qui pourrait répondre à des attentes médiatiques, mais cela ne répond pas à des attentes médicales”.
Le confinement doit se poursuivre jusqu’au 11 mai. Emmanuel Macron a tranché : le 13 avril lors de son 4e discours depuis le début de la crise. Le Chef de l’état a ensuite annoncé certaines étapes du déconfinement.
“Le 11 mai sera le début d’une nouvelle étape. Elle sera progressive et les règles pourront être adaptées.
A partir du 11 mai, nous réouvrirons les crèches, les écoles, les lycées.
Dans l’enseignement supérieur, les cours ne reprendront pas avant l’été.
Les lieux rassemblant du public: restaurants, cafés, hôtels, cinémas, théâtres, salles de spectacles et musées resteront en revanche fermés. Les grands festivals et événements avec public nombreux ne pourront se tenir au moins jusqu’à mi-juillet prochain. La situation sera collectivement évaluée chaque semaine pour adapter les choses et vous donner de la visibilité pour leur protection”, a annoncé Emmanuel Macron lors de son allocution lundi soir sans donner plus de détails.
Les personnes âgées ou malades devront rester confinées après le 11 mai pour les protéger.
A partir du 11 mai, nous aurons une organisation nouvelle. L’utilisation plus large des tests possibles et la détection est une arme privilégiée pour sortir au bon moment du confinement. Nous allons continuer d’augmenter les tests faits chaque jour en direction des aînés, des soignants et des plus fragiles. Nous n’allons pas tester tous les Français mais toute personne ayant un symptôme devra pouvoir être testée,
Nous travaillons à une application numérique dédiée sur la base de l’anonymat et du volontariat qui permettra de savoir si on a été en contact avec une personne contaminée.”
Lors de son allocution télévisée, Emmanuel Macron a évoqué un déconfinement progressif, mais sans aucune précision géographique, ni pour la réouverture des écoles ni pour la reprise des activités professionnelles.
Le 5 avril, l’Académie de médecine avait recommandé le principe d’un déconfinement par région, en fonction du nombre d’hospitalisations et de l’activité dans les services de réanimation. Cette possibilité figurait également parmi les différents scénarios de fin crise évoqués par Edouard Philippe lors de son intervention sur TF1 le 2 avril.
Mais le dispositif serait difficile à déployer, en raison de la structure unitaire de l’État français. A l’inverse des länder allemands ou des états américains, les régions françaises ne disposent pas d’une autonomie suffisante.
Selon LCI, le gouvernement aurait écarté cette option, qui nécessiterait un déploiement de forces de l’ordre trop important pour contrôler les entrées et les sorties des régions confinées ou non.
Cependant, certaines mesures de sortie de crise préconisées par l’Académie de médecine pourraient être prises au niveau local. Les régions Grand Est et Hauts-de-France devraient recourir à des campagnes de dépistage massives au mois de mai.
Les écoles
Pour l’instant, seules les crèches, les écoles, les collèges et lycées rouvriront le 11 mai, et ce, “progressivement”, a précisé le chef de l’État. L’annonce a déplu à certains internautes, qui ont dénoncé une décision inconsciente de la part du gouvernement. Pour rassurer les Français, le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer est intervenu sur le plateau de Télématin sur France 2 en précisant que le retour à l’école ne sera “pas obligatoire le 11 mai”. Il a également ajouté : “C’est un retour progressif. Il y aura des aménagements, c’est évident. “
Les transports : bus, métro, RER et trains
Au cours de son allocution du 13 avril, Emmanuel Macron n’a pas donné de précisions sur une date de reprise des transports ferroviaires ou aériens, mais a évoqué que le port du masque “pourrait devenir systématique” dans les transports en commun à partir du 11 mai.
Invitée sur France Bleu, la présidente de la région Île de France, Valérie Pécresse, est intervenue sur la reprise des activités et des transports en commun, fréquentés par “cinq millions de personnes” par jour : “Porter des masques dans les métros ou les bus ne suffira pas ; il faudra qu’ils ne soient pas saturés. Cela impose de réorganiser tout le travail”.
Les coiffeurs
Interrogé le mardi 14 sur la possible réouverture des salons de coiffure et magasins de fleurs après le 11 mai, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a déclaré que l’objectif était “d’élargir la réouverture des commerces” au-delà des magasins alimentaires.
Le cabinet du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, reste prudent : “Tout cela devra être précisé, mais le président de la République mentionne bien les services dans les réouvertures du 11 mai.”
Salles de sport et magasins de bricolage sont aussi au coeur des préoccupations des Français.
Les bureaux de Poste
Par le biais d’un communiqué, le patron du groupe La Poste Philippe Wahl a annoncé une reprise progressive des activités : “La Poste va poursuivre ses efforts afin que soient ouverts d’ici la fin du mois d’avril 5 000 bureaux de poste avec des organisations et des niveaux de service adaptés (courrier, colis, Banque Postale et téléphonie mobile)”.
L’enseignement supérieur
Dans son allocution, Emmanuel Macron a indiqué que les établissements de l’enseignement supérieur ne reprendraient pas les cours “physiquement” avant l’été. Les élèves continueront à suivre les enseignements à distance, jusqu’à une date encore inconnue. Concernant les partiels, examens et concours, le gouvernement devrait se pencher sur leur “bonne organisation”.
Les restaurants, bars, hôtels, salles de spectacle
Pour l’instant, aucune date de réouverture n’a été décidée pour les lieux de loisirs :“restaurants, cafés, hôtels, cinémas, théâtres, salles de spectacle et musées”.
Les grands rassemblements, tels que les festivals, sont annulés “jusqu’à la mi-juillet au moins”. Cependant, “la situation sera collectivement évaluée à partir de mi-mai, chaque semaine, pour adapter les choses”, a précisé le président lors de son allocution.
A titre de comparaison, l’Allemagne envisage 18 mois de fermeture pour les salles de concerts et les stades sportifs.
Les frontières
Les frontières de l’espace Schengen resteront fermées ” jusqu’à nouvel ordre”.
Le président n’a pas donné de précisions à ce jour sur l’ouverture des frontières intra-européennes à partir du 11 mai.
Pour le moment, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie, l’Autriche, et la Hongrie ont fermé leurs frontières, mais le passage l’Italie et le Royaume-Uni reste possible. Les travailleurs transfrontaliers peuvent aussi se rendre au Luxembourg, en Belgique et en Allemagne, munis d’une attestation spécifique.
Les tests
Emmanuel Macron a annoncé l’augmentation de la production du nombre de tests. A partir du 11 mai, le gouvernement prévoit de pouvoir tester toutes les personnes présentant des symptômes, comme cela a été préconisé par l’OMS. Les individus dont la contamination a été confirmée seront “mis en quarantaine, isolés, et suivis pas un médecin”, a précisé le chef de l’État.
Les masques
A partir du 11 mai, “chaque Français” devrait pouvoir se procurer un “masque grand public”. Le port du masque pourrait devenir obligatoire dans les transports en commun, et pour les professions les plus exposées au Covid-19. Certaines villes, comme Bordeaux, Nice ou Cannes, ont déjà annoncé l’équipement massif de leurs habitants.
Les traitements
Dans un premier temps, le chef de l’État a détaillé la question de l‘immunité collective, préconisée par certains chercheurs. “D’après les premières données, une très faible minorité a contracté le Covid, nous sommes très loin de l’immunité collective“, a-t-il précisé.
Le gouvernement espère ainsi développer des traitements de prévention – par le biais de vaccins – et de guérison, sans préciser quand ces derniers seraient disponibles : “Tout le monde y travaille, mais cela prendra plusieurs mois.” Il a ajouté : “Toutes les options sont explorées (…) Nos médecins travaillent d’arrache-pied, aucune piste ne sera négligée, je m’y engage.”
Pour l’instant, aucune installation d’un dispositif de traçage n’est prévue. Emmanuel Macron a évoqué le déploiement d’une application sur smartphone. Cette dernière permettrait, à l’aide du Bluetooth et sur la base du volontariat, de savoir si le propriétaire du smartphone a été en contact avec une personne infectée par le virus.
“Le gouvernement aura à y travailler, mais je souhaite qu’avant le 11 mai, nos Assemblées puissent en débattre car cette épidémie ne saurait affaiblir notre démocratie ni mordre sur nos libertés”, a assuré le président de la République.
Pour quand ?
Le confinement strict et général est instauré jusqu’au 11 mai.
Un déconfinement par tranche d’âge ?
Certains spécialistes avaient émis un avis en faveur du déconfinement par tranche d’âge. Interrogé au micro d’RTL le 6 avril, Martin Blachier, médecin de santé publique et dirigeant de PH Entreprise a expliqué que “baser un scénario de déconfinement uniquement sur le fait de tester toute la population” n’est pas réaliste et “ne répond pas à la problématique de déconfinement”.
Selon lui, il faudrait d’abord déconfiner “les plus jeunes, les moins vulnérables, pour constituer une immunité de groupe”. Le pari du médecin est d’endiguer une seconde vague du virus grâce à l’immunité développée chez les groupes les moins vulnérables. Cette immunité agirait comme une barrière contre de nouvelles contaminations: “Quand les gens les plus vulnérables vont sortir, il n’y aura pas de pic épidémique : le virus ne pourra plus circuler puisqu’il y aura trop de gens immunisés, et les plus vulnérables seront donc protégés”.
Pour le conseil scientifique, trois conditions doivent être nécessaires pour envisager un déconfinement.
- L’activité et les entrées doivent diminuer dans les services de réanimation.
- Le nombre de cas de Covid-19 doit atteindre un niveau suffisamment bas pour que les nouveaux cas puissent être dépistés systématiquement.
- Les dispositifs de la stratégie post-confinement doivent être opérationnels, à savoir, de nouvelles mesures de distanciation sociales, des réserves suffisantes de gel hydroalcoolique, de masques, de tests de dépistages rapides, l’amélioration du système de surveillance épidémiologique, la mise en place d’une politique de contrôle aux frontières et la création d’outils numériques.
En Italie
En Italie, le confinement est acté jusqu’au 1er mai. Le 5 avril, le ministre de la Santé a détaillé le plan stratégique de sortie de la crise du Covid-19 : la généralisation du port du masque pour tous les Italiens, le respect d’une “distanciation sociale scrupuleuse, dans les lieux de vie et de travail” et un réseau d’hôpitaux dédiés au traitement du Covid-19 qui resteront ouverts après la crise. L’exécutif prévoit de lancer une application pour suivre les malades diagnostiqués “pendant les 48 heures ayant précédé l’infection“, précise France Info, en plus d’une campagne de tests sur la population pour déterminer le nombre précis de personnes contaminées.
Concernant les commerces, le gouvernement a prévenu que les bars, restaurants, discothèques ou salles de sport seraient les dernières infrastructures à rouvrir.
En Espagne
Le pays le plus endeuillé de l’Europe après l’Italie a autorisé une reprise partielle du travail depuis le 13 avril. La police et les bénévoles ont entrepris de distribuer dix millions de masques pour les travailleurs qui reprennent leur activité, essentiellement dans l’industrie et la construction. Le confinement général reste toutefois en vigueur.
En Allemagne
Outre-Rhin, la chancelière allemande Angela Merkel doit décider le 16 avril de la suite des mesures de confinement, prévues en l’état jusqu’au 19 avril.
Dans un document consulté par Reuters, le gouvernement allemand a rédigé un plan d’action pour un déconfinement par étapes. Le pays prévoit un traçage rapide des chaînes de contaminations, qui permettrait de suivre plus de 80% des personnes qui ont été en contact avec un individu contaminé dans les 24 heures qui ont suivi le diagnostic.
Il est également précisé que les magasins seraient autorisés à rouvrir, ainsi que les écoles dans certaines régions, bien que des mesures strictes de distanciation sociale soient toujours en place. Le document précise que le port de masques serait obligatoire dans les trains et les bus, ainsi que dans les usines et les bâtiments publics. Les contrôles aux frontières seraient assouplis mais les rassemblements et les soirées privées resteraient interdits.
Au Danemark
Le royaume a annoncé la réouverture des crèches, écoles maternelles et primaire dès le 15 avril. Mais l’attente sera prolongée jusqu’au 10 mai pour les collégiens et lycéens. Les bars, restaurants, salons de coiffure, grands centres commerciaux et discothèques resteront fermés pour l’instant et les rassemblements de plus de 10 personnes ne seront pas autorisés. La cheffe du gouvernement Mette Frederiksen a d’ores et déjà prévenu qu’aucun grand rassemblement n’aurait lieu avant le mois d’août, au moins.
En Autriche
Le pays commence son déconfinement ce 14 avril avec l’ouverture des commerces de moins de 400 m2, les jardineries, les magasins de bricolages et les jardins publics, selon le Figaro. Le plan de sortie de crise, annoncé la semaine dernière par le chancelier Sebastian Kurz prévoit également le port du masque obligatoire dans les rues et les bâtiments publics. Mais aucune réouverture des écoles n’est prévue avant la mi-mai et les restrictions aux déplacements individuels sont prolongées jusqu’à la fin du mois d’avril. Les autres commerces devraient ouvrir début mai, suivis des restaurants, mi-mai.
En République tchèque
La République tchèque a fait partie des pays les plus touchés de l’Europe orientale. Mais le déconfinement s’est amorcé depuis la semaine dernière, avec la réouverture des espaces sportifs et celle des commerces comme des magasins de bricolage. Pour sa voisine slovaque, un assouplissement des mesures de confinement est envisagé, sans aller plus loin.
En Iran
En Iran, le président Hassan Rohani a annoncé la réouverture des activités économiques à ‘bas risque’, le 11 avril dans les provinces, et à partir du 18 avril dans la capitale, Téhéran. Les autres activités jugées à haut risque, la fréquentation des écoles, des universités, les rassemblements culturels, sportifs et religieux, resteront suspendues au moins jusqu’au 18 avril.
En Chine
A Wuhan, les autorités ont levé ce 8 avril le bouclage imposé à la ville depuis le mois de janvier. Les restrictions de déplacement s’étaient déjà assouplies ces derniers jours à Wuhan et dans la province environnante du Hubei. Mais le nombre de vols et de trains en partance de de la région reste limité. Certaines restrictions de déplacement sont toujours en vigueur pour éviter toute résurgence du Covid-19. Pour le reste de la Chine, des spécialistes de la modélisation d’épidémie appellent à lever “de façon progressive” le confinement pour éviter une nouvelle propagation du virus.