30 000. C’est le nombre de personnes qui ont proposé leur aide aux personnels soignants via la plate-forme enpremiereligne.fr. « Il y a beaucoup plus de propositions que de demandes », explique Titouan Galopin, un des trois fondateurs du site. Côté soignants, pour l’instant il n’y a que 300 demandes. 1 %, donc. Mais Titouan Galopin n’est pas inquiet. « Si on veut un maillage territorial efficace, il faut plus de propositions que de demandes, c’est normal ». En fait, c’est surtout « plaisant » à voir pour lui. « Grâce à la force des réseaux et d’Internet, dès dimanche midi, quand on a ouvert le site, on a eu plein de visites ! », s’enthousiasme l’ingénieur informatique proche de LREM. Pour lui, cela démontre que leur envie d’aider a rencontré celle d’autres citoyens enfermés chez eux tout comme dans leur sentiment d’inutilité.
Dans les prochaines semaines, de nombreuses personnes vont risquer leur santé 15h par jour pour sauver des vies.
Avec des amis nous avons lançé https://t.co/igQiHNP9uX pour aider les personnes en première ligne contre l’épidémie. Aidez ou faites vous aider ! @en1ereligne
— Titouan Galopin (@titouangalopin) March 15, 2020
Se proposer en quelques clics
L’idée est née vendredi 13 mars. « J’ai bossé toute la journée du samedi sur le côté technique de la plate-forme et c’était en ligne dimanche midi », raconte Titouan Galopin. Puis ses deux amis Adrien Duguet et Grégory Grellet ont assuré le reste : la stratégie de communication, le relai sur les réseaux sociaux, les relations avec la presse. L’objectif était de se faire connaître. En trois jours, c’est un franc succès. Aujourd’hui, le site enregistre des annonces dans les 100 départements et revendique plus de 300 000 visiteurs uniques. Et 10 % d’entre eux remplissent le formulaire pour proposer soit d’aller faire des courses pour les soignants, soit de garder leurs enfants.
Les informations demandées sont basiques : nom, prénom, âge, nombre d’enfants, mail, et surtout le code départemental. Puis on vous pose quelques questions : « Combien d’enfants au maximum pouvez-vous garder à la fois ? » Le site propose jusqu’à 4. « Quelle(s) tranche(s) d’âge ? » Le formulaire découpe en tranches d’âge de 0 à « 13 ans et plus ». Le seul critère bloquant, avoir plus de 60 ans. Et ce, conformément aux consignes du gouvernement – avec qui l’équipe assure avoir des contacts réguliers.
Le « Tinder » de l’entraide
Ensuite, manuellement la petite équipe, épaulée par « deux trois autres copains », fait « matcher » les propositions avec les demandes selon les critères suivants : les situations géographiques, les âges et la parentalité ou non. « On va préférer un papa trentenaire pour garder les enfants du même âge d’un personnel soignant », raconte Titouan Galopin. « Un jeune de 18 ans sans enfant qui veut garder 4 enfants de 0 à 6 ans, on se dit c’est sympa mais c’est peut être pas l’idéal ! ». Une fois les profils choisis entre tous les bénévoles et les soignants « en première ligne », Titouan et son équipe envoient un mail aux deux personnes concernées avec en copie le mail de l’autre pour les mettre en contact. Et, hop, l’entraide peut se mettre en place.
Un Skype avant, « ça rassure »
Même si leur mission de mise en relation s’arrête là, ils recommandent quelques bonnes pratiques pour la suite. Leurs mails insistent bien sur les précautions sanitaires à suivre. En bref, éviter les contacts, se laver les mains régulièrement et respecter les gestes barrières ! Après, « pour la première rencontre, on recommande d’utiliser Skype », souligne Titouan. « Quand un infirmier père de famille voit une jeune maman et l’environnement derrière, tout de suite ça rassure. On fait plus confiance ». Moins compliqué pour les courses, cas de figure dans lequel les sacs peuvent être laissés devant la porte du soignant – sans forcément devoir entrer dans son domicile.
Un système basé sur la confiance
Niveau sécurité, le système est léger. Tout est basé sur la confiance mutuelle entre les gens. « En ces temps de confinement, on compte sur l’honnêteté des bénévoles et des soignants », confie Titouan Galopin. Mais surtout la plate-forme fait seulement l’intermédiaire et laisse la mains aux personnes concernées. « C’est comme le principe d’entraide entre voisins mais à l’échelle du département », synthétise-t-il.
Pour l’instant, le projet repose totalement sur l’engagement bénévole des trois amis. « L’ensemble des frais s’élève à 3 000 euros, on y a mis nos économies personnelles », détaille l’ingénieur informatique. Mais, il confie que certaines entreprises seraient intéressées par le principe et pourraient investir. Comme tout le monde, l’équipe de enpremiereligne.fr navigue à vue. « Le site est susceptible d’évoluer encore beaucoup. On garde le même principe mais on va peut-être ajouter certains services », projette Titouan Galopin faisant allusion a un chocolatier de Reims qui a fait appel à eux pour distribuer les 450 kilos de chocolats aux personnels soignants de l’hôpital voisin.