Le syndrome VEXAS est une maladie inflammatoire rare due à des mutations du gène UBA1. Responsable d’un syndrome inflammatoire chronique, la maladie a été décrite pour la première fois en 2020 par une équipe américaine.
Définition : qu’est-ce que le syndrome VEXAS ?
Le syndrome VEXAS est un acronyme pour Vacuoles, Enzyme UBA1, chromosome X, Autoinflammatoire, Somatique. Il s’agit d’une maladie rare liée à des mutations du gène UBA1, situé sur le chromosome X, au niveau des cellules myéloïdes. « Ces mutations sont dites somatiques, c’est qu’elles ne sont pas présentes à la naissance et apparaissent au cours de la vie« , explique le Pr. Sophie Georgin-Lavialle, médecin interniste à l’hôpital Tenon. Ainsi, le plus jeune patient décrit au monde avec cette maladie a 46 ans. Le syndrome VEXAS a été décrit pour la première fois par une équipe américaine en octobre 2020. « Avant que cette mutation ne soit découverte, on diagnostiquait à ces patients une polychondrite ou une manifestation inflammatoire associée à une probable hémopathie« , développe la spécialiste. Quand l’article est sorti en 2020, de nombreux patients ont pu être diagnostiqués via un séquençage de leur ADN.
Quelle est la cause du syndrome VEXAS ?
« En vieillissant nous développons tous des mutations. Les personnes qui développent des mutations dans ce gène UBA1 en particulier vont développer le syndrome VEXAS car la mutation entraîne un excès d’inflammation dans le corps« , répond le médecin. Toutefois, impossible à l’heure actuelle de savoir pourquoi un individu, plutôt qu’un autre développera cette maladie.
La maladie touche très majoritairement les hommes âgés de plus 50 ans
Quels sont les symptômes du syndrome VEXAS ?
Les patients présentent une anémie, de la fièvre et des symptômes rhumatologiques, dermatologiques et ont de l’inflammation dans le sang :
- Fièvre
- Douleurs des grosses articulations
- Lésions cutanées
- Grande fatigue
- Anorexie
- Perte de poids
Certains patients souffrent de chondrite, une inflammation des cartilages des oreilles et du nez. On peut aussi retrouver à l’imagerie des anomalies dans les poumons. « Il n’y pas de phase aiguë. On constate parfois des poussées mais l’inflammation est présente en permanence« , note Sophie Georgin-Lavialle.
La protéine C réactive, marqueur de l’inflammation, est en permanence très élevée dans le syndrome VEXAS. Cette inflammation est associée à une anémie particulière dans ce syndrome, appelée anémie « macrocytaire », c’est à dire que les globules rouges sont bien plus gros que la normale. « Habituellement, l’inflammation donne une anémie microcytaire. Ainsi, on pense que des mutations touchent également les progéniteurs des globules rouges, ce qui modifie leur taille« , précise notre interlocutrice. Elle ajoute : « une altération de l’état général, de la fièvre, de l’inflammation et une anémie macrocytaire doivent vraiment mettre sur la piste du syndrome VEXAS, surtout si le patient présente des lésions cutanées ». Si l’on fait une ponction de moelle osseuse, on peut observer des vacuoles dans les progéniteurs myéloïdes ce qui a donné la lettre V de l’acronyme VEXAS. Le diagnostic est ensuite confirmé par une analyse génétique faite par une simple prise de sang.
Qui est le plus touché par le syndrome VEXAS ?
La maladie touche très majoritairement les hommes – qui n’ont qu’un seul chromosome X – âgés de plus 50 ans. La moyenne d’âge des patients se situe aux alentours de 65 ans. « Chez les femmes porteuses de la mutation, le deuxième chromosome X prend le relai et la mutation n’est pas exprimée. Sur les 5% de femmes identifiées à ce jour en France, toutes présentent une monosomie X, elles n’ont qu’un seul chromosome X« , détaille l’interniste.
Y a-t-il des cas en France ?
Depuis que la mutation du gène UBA1 est connue, « plus de 250 patients ont pu être diagnostiqués en France« . Cette maladie est présente dans tous les pays du monde. « Nous disposons toutefois de peu de données venues d’Afrique noire, probablement par manque d’accès au séquençage génétique« , souligne-t-elle.
La plupart des patients répondent bien aux corticoïdes. Mais ces médicaments ont de nombreux effets secondaires. « Le but est donc de réduire les corticoïdes à la dose minimale. On teste donc actuellement des traitements anti-cytokines – les anti-interleukine 1,les anti-interleukine 6, les inhibiteurs de JAK« , énumère Sophie Georgin-Lavialle. Chez les sujets plutôt jeunes, avec des symptômes lourds et des mutations sévères, une greffe de moelle osseuse est en outre envisageable, et constitue le seul traitement curatif disponible à ce jour.
Est-ce un syndrome mortel ?
Alors que la maladie vient seulement d’être décrite, les médecins ne disposent pas de suffisamment de données pour être précis sur cette question. « Actuellement, selon nos données encore partielles, on observait un taux de mortalité de 18 % à 5 ans avec une moyenne d’âge de 70 ans environ. L’espérance de vie n’était pas très altérée. Nos prochains résultats seront plus révélateurs car ils seront bâtis sur deux fois plus de patients », explique Sophie Georgin-Lavialle.
Merci au Pr. Sophie Georgin-Lavialle, interniste à l’hôpital Tenon et professeure à la faculté de médecine Sorbonne université pour son expertise.