Ce 12 mai 2022 marque les 30 ans de la mort de Jacqueline Maillan. Si l’on se souvient de la facétieuse interprète de Suzanne dans « Potiche » pour son sens de l’humour, on en sait moins sur ses complexes d’enfance, son mariage avant-gardiste ou sa bisexualité. Secrets de la star du théâtre de boulevard.
Voilà 30 ans que Jacqueline Maillan est décédée. Le 12 mai 1992, la comédienne rendait l’âme à 69 ans, des suites d’une hémorragie interne dans son appartement du XVIe arrondissement de Paris. Elle devait subir une lourde opération cardiovasculaire le lendemain. La reine du registre comique en France, souvent décrite comme le pendant féminin de Louis de Funès, a marqué à jamais l’histoire des comiques français.
Jacqueline Maillan : ses complexes
Née le 11 janvier 1923 à Paray-le-Monial, Jacqueline Maillan est élevée par un père ingénieur des Ponts et Chaussées, et une mère femme au foyer, dans une famille bourgeoise. Elle naît après ses deux sœurs, Christiane et Suzanne, alors que ses parents espèrent mettre au monde un fils. La déception de ses géniteurs se fait-elle ressentir au quotidien? Toujours est-il que la petite Jacqueline, garçon manqué, est une enfant complexée.
Jacqueline Maillan, drôle même dans les tragédies
Malgré une scolarité compliquée, cette véritable boute-en-train est particulièrement appréciée de ses professeurs et de ses camarades.
Elle prépare une capacité en droit, sorte de baccalauréat juridique, mais finit par prendre des cours de puériculture avant de devenir de secrétaire auprès d’un pharmacien. Mais Jacqueline Maillan ne peut ignorer sa véritable passion, le théâtre. Il faut dire que la jeune femme est réputée pour son humour et sa capacité à faire rire… dans n’importe quelle situation. Elle parvient notamment à déclencher le rire de son professeur, l’acteur René Simon, en jouant une tragédie de Racine.
Jacqueline Maillan : son mariage avec Michel Emer
Dans les années 1950, le compositeur Michel Emer se rend régulièrement aux spectacles de la comédienne. Sous le charme, il la demande en mariage. Jacqueline Maillan hésite, mais finit par accepter. Deux jours après la mort de son père, elle lui dit « oui » et devient la belle-mère des deux enfants de Michel Emer, Laurence et Jacques.
Star du théâtre de boulevard, Jacqueline Maillan est également connue des téléspectateurs pour ses multiples participations à la télévision, notamment dans l’émission Les Grands Enfants, à la fin des années 60.
Avec Bourvil, deux mois avant la mort du comédien, elle enregistre en 1970 deux parodies de chanson de Serge Gainsbourg, Pauvre Lola, et Je t’aime moi non plus. Un duo de choc!
Jacqueline Maillan : sa bisexualité
Jacqueline Maillan cache un lourd secret, son orientation sexuelle. « Jacqueline avait quelque part une bisexualité, c’était quelque chose qui lui posait un fondamental problème. A l’époque, c’était très difficilement gérable« , s’est souvenue son amie Marion Sarraut, dans l’émission Un Jour, Un Destin.
Michel Emer, son époux, est quant à lui, au courant de l’orientation sexuelle de son épouse. Et il est bien le seul. Tous deux forment un « couple libre avant l’époque« . Il meurt en 1984, sans jamais révéler le secret de sa femme…
Avec le recul, la journaliste France Nespo comprend pourquoi Jacqueline Maillan, était particulièrement mal à l’aise, lors de leur interview. Lorsque la journaliste avait décrit l’année 1975 comme étant « l’année internationale des femmes« , l’actrice a eu bien du mal à dissimuler sa gêne. « Les femmes me font rire« , avait-elle lâché, faisant mine de ne pas prêter intérêt à cette conversation.
Plus tard, dans Un Jour, Un Destin, France Nespo a décrypté ce moment: « Elle devait penser que j’étais au courant de son secret de vie, de son amour des femmes ou en tout cas d’une femme. Mais je ne le savais pas à ce moment-là (…) Dans ses silences, je ressens sa gêne, qu’elle cherche comment me mentir« .
Jacqueline Maillan, morte sur scène (ou presque)
En mai 1992, juste avant sa mort, elle apparaît sur scène pour la dernière fois dans Pièce montée, un monologue écrit pour elle par Pierre Palmade. Elle décède le 12 mai, des suites d’une hémorragie interne, et est inhumée au cimetière parisien de Bagneux, dans les Hauts-de-Seine.