A l’occasion de la Journée internationale des Droits des Femmes, celles-ci sont à l’honneur chaque année le 8 mars. Mais connaissez-vous l’origine de cette journée ? Retour aux sources d’un combat qui vient de loin, état des lieux de la situation des femmes, et surtout les actions menées ce 8 mars 2022.
[Mis à jour le lundi 7 mars à 18h36] Le 8 Mars, à l’occasion de la Journée internationale des Droits des Femmes, elles montent au créneau. Les organisations syndicales, féministes et politiques appellent à une grève féministe et répondent présentes à l’occasion de manifestations dans toute la France.
Les objectifs sont nombreux: demander l’égalité (notamment salariale et professionnelle), la fin des violences sexistes et sexuelles, développer une éducation féministe en France, atteindre le « rattrapage des pensions des femmes retraitées« , inférieures de 40% à celles des hommes. A Paris, le rendez-vous est donné à 13h, à Gare du Nord, afin d’entamer un parcours dès 14h en direction de l’hôpital Tenon.
Les militantes appellent également les femmes à s’arrêter de travailler à 15h40, heure où, symboliquement, elles ne sont plus payées, en fonction de l’écart salarial avec les hommes. Elles sont également appelées à cesser toute corvée ou travail domestique, pour protester contre la charge mentale.
Le sexisme : un fléau toujours d’actualité
Le sexisme est toujours bien présent dans notre société, indique la rapport du Haut-conseil à l’égalité femmes-hommes, paru le 7 mars. Le premier « Baromètre sexisme » montre que 46 % des femmes interrogées ont déjà été victime d’actes sexistes au travail, et 43 % les ont déjà expérimentés chez elles. 13 % d’entre elles disent avoir déjà subi un rapport sexuel imposé, dont 20% des 18-34 ans. Aujourd’hui, un Français sur trois affirme qu’il essaie d’être attentif à ne pas être sexiste dans ses actes et propos.
Les inégalités hommes-femmes coûtent cher !
D’après une étude dévoilée par la Fondation des Femmes sur France Inter, les inégalités hommes-femmes coûtent pas moins de 118 milliards d’euros, par an et en France. « Les inégalités se mesurent avant tout en vies brisées, marginalisées, ou ignorées. Mais puisqu’il faut visiblement parler chiffre pour peser dans le débat, nous avons décidé de calculer ce coût des inégalités entre femmes et hommes« , a expliqué Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes.
Les « comportements virils« , par exemple, coûteraient environ 89 milliards d’euros à la société. « 84 % des accidents mortels sont causés par des hommes. C’est un surcoût extrêmement important pour la collectivité« , a expliqué la chercheuse Lucile Peytavin. En ce qui concerne les violences conjugales, 3,6 milliards d’euros seraient perdus à cause des frais médicaux pour les victimes, mais aussi des aides sociales nécessaires, par exemple.
Ensemble Contre le Sexisme : une lettre aux candidat.e.s de la présidentielle
Le collectif Ensemble Contre le Sexisme a publié, à l’attention des candidats et candidates à l’élection présidentielle une liste de 22 impératifs pour un quinquennat féministe. Parmi ces « leviers » pour combattre le sexisme, l’on peut citer notamment la « lutte contre les violences patriarcales« , « la vie publique » afin de « garantir le partage du pouvoir entre les femmes et les hommes » mais aussi « les finances publiques » pour « déconjugaliser notre système fiscal« .
Toute cette semaine, nos membres vous expliqueront en quoi nos 22 impératifs sont nécessaires pour éradiquer enfin le sexisme. Stay tuned pic.twitter.com/75oJ6Y67do
— Collectif Ensemble Contre le Sexisme (@CSexisme) March 7, 2022
De féministe à misogyne : les programmes des candidat.e.s passé au crible
A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, l’association militante Osez Le Féminisme a, elle, classé les programmes des candidats et candidates à l’élection présidentielle en les qualifiant de « féministe » à « misogyne« . Sur cette échelle, Jean-Luc Mélenchon est considéré comme le plus féministe, tandis qu’Eric Zemmour est décrit comme le plus misogyne.
Les entreprises, responsables de l’écart salarial
A moins de deux mois de l’élection présidentielle, les Français font le bilan du quinquennat d’Emmanuel Macron, qui avait promis de placer la question des droits des femmes au centre de son programme. Certaines mesures, comme celles décidées à l’issue du grenelle des violences conjugales, ou l’index de l’égalité en entreprise sont félicitées. Mais dans les faits, l’écart salarial, par exemple, peine à se réduire. Les entreprises seraient en partie responsables.
Selon un sondage sur le leadership au féminin, effectué par MoovOne en 2021, l’égalité hommes-femmes n’est un enjeu que pour 27% des entreprises. Environ 49% des personnes sondées estiment que les entreprises n’ont pas élaboré de stratégies concrètes pour aller dans le bon sens.
L’égalité femmes/hommes : qu’en pensent les Français ?
Selon une étude Ipsos Global Advisor, réalisée en 2021, l’égalité salariale entre les sexes est primordiale pour un Français sur deux. Mais la plupart des citoyens sont plutôt pessimistes quant à une éventuelle amélioration de la situation. Environ 11% pensent que l’égalité femmes/hommes sera moindre, et seulement 5% estiment qu’elle progressera. 52% des Français restent convaincus que la crise sanitaire ne changera rien.
A quels domaines est-il urgent de s’attaquer ? La flexibilité au travail pour les femmes est primordiale, pour 32% des Français, mais surtout la lutte contre les violences (41%). En troisième position, 26% des citoyens souhaitent que les femmes aient un meilleur accès au système de santé.
Journée des droits des femmes : qui l’a initiée en France ?
Mais qui a donc permis la reconnaissance de cette Journée internationale des droits des femmes en France?
On le sait peu, mais en 1982, la psychanalyste et militante MLF Antoinette Fouque a œuvré pour convaincre le président de la République de l’époque, François Mitterrand, de reconnaître le 8 mars comme la Journée des droits des femmes.
Elle souhaitait même à l’époque que cette journée soit chômée, fériée et payée!
Pour célébrer son combat, les éditions Des Femmes ont publié en janvier trois livres afin d’en savoir davantage sur la lutte qu’elle a menée jusqu’à sa mort en 2014. Rettrouvez les livres, désormais disponibles, Qui êtes-vous, Antoinette Fouque? Entretiens avec Christophe Bourseiller, Gravidanza – Féminologie II, Génésique – Féminologie III.
L’égalité des sexes : quelle priorité pour les citoyens ?
L’égalité femmes-hommes est enfin devenue une priorité pour les citoyens. Un rapport datant de 2021 des associations Focus 2030 et Women Deliver montre que les préoccupations ont (heureusement) évolué. Une majorité des personnes sondées parmi plusieurs pays déclarent que l’égalité des sexes « leur importe à titre personnel » (80 % en France). Près de 65 % (64 % en France) estiment
que leur gouvernement devrait en faire davantage pour promouvoir l’égalité femmes-hommes dans leur pays.
L’étude menée dans 17 pays montre que l’égalité des sexes est très importante pour 52 % des sondés et assez importante pour 28 % d’entre eux. Pour 3 % des personnes interrogées, elle n’est pas du tout importante.
Les femmes du monde entier sont mises à l’honneur durant la journée du 8 mars, devenue une date symbolique pour tous les combats liés à la cause féminine. Mais connaissez-vous la genèse de ce jour ? La Journée du 8 Mars tire son origine dans la lutte pour l’égalité face à une société patriarcale, malgré plusieurs récupérations politiques. De la Russie communiste en passant par les slogans percutants des mouvements féministes français des années 1970, lumière sur les origines de cette journée unique dans notre calendrier.
La Journée des Droits des Femmes est née en Russie
Le 8 mars 1917, à Petrograd, devenue Saint-Pétersbourg, des femmes descendent dans les rues pour faire entendre leur voix. Elles réclament de quoi manger et le retour de leurs époux partis au combat : c’est le début de la Révolution russe mais aussi celle des femmes du globe. Face à la misère et au froid, elles font grève et demandent la paix en marchant pacifiquement. C’est ainsi que la date du 8 mars est devenue une date-clé. En 1921, Lénine proclame le 8 mars comme étant la Journée des Femmes, en mémoire à celles qui ont fait naître la Révolution russe. Discours et affiches de propagande invitent les travailleuses opprimées à se rallier aux contestations communistes pour défendre leurs droits. Après la Seconde guerre mondiale, on célèbre la gent féminine lors de la Journée des Femmes un peu partout en Europe, aux Etats-Unis et en U.R.S.S. En France, le mouvement « Femmes Solidaires » de l’Union des Femmes Françaises (UFF), qui compte 1 million d’adhérentes en 1947, procède à des avancées en matière de droits. Le 8 mars est désormais intrinsèquement lié à la lutte des femmes dans le monde.
A partir des années 1970, les combats s’amplifient et prennent une tournure plus féministe. Simone Veil est la première femme à entrer au Conseil supérieur de la magistrature, le premier manifeste féministe « Le torchon brûle » paraît et le Mouvement de Libération des Femmes (MLF) naît. Associations, mobilisations, slogans : ces dernières se battent contre l’avortement, l’inceste, le viol et pour l’IVG et l’égalité des droits.
En 1977, l’ONU proclame le 8 mars comme étant la Journée Internationale des Femmes, dans le prolongement de l' »Année de la Femme », qui a été décrétée en 1975 en réponses aux nombreux mouvements féministes. Néanmoins, cette date célébrant les femmes n’a pas immédiatement été bien perçue, considérée globalement comme une récupération politique de la lutte féminine. En France, il faudra attendre 1982 pour que les femmes puissent jouir d’une journée qui leur soit consacrée.
En 2016, le Comité ONU Femmes France se mobilise pour que l’appellation « Journée Internationale des Femmes » soit mise en place. En effet, on a longtemps entendu parlé de « la Journée Internationale de la Femme« , or, il s’agirait d’une erreur de traduction de l’anglais « International Women’s Day ». Une faute qui a réussi à s’éparpiller comme une traînée de poudre, à tel point que l’on ne connaît plus le véritable nom de cette journée !
Pour clarifier les choses, Najat Vallaut-Belkacem, alors ministre des Droits des Femmes, expliquait en 2013 : « Le 8 mars n’est pas, comme on l’entend parfois, la journée de « la » femme, qui mettrait à l’honneur un soi-disant idéal féminin (accompagné de ses attributs : cadeaux, roses ou parfums) ». Si la réponse est claire, l’idée de réduire les personnes de sexe féminin par le simple fait de dire « la Journée de la femme » peut porter à débat. Nous disons bien « les droits de l’Homme », pourquoi ne pas pouvoir parler de « la Journée de la Femme » sans passer pour un machiste qui sous-entend que toutes les femmes se ressemblent ? Selon certains, le plus simple est de parler sobrement du « 8 Mars ».