Le décubitus correspond au positionnement donné au corps d’une personne allongée à l’horizontale. Il existe de nombreuses variantes de cette installation selon la nature des interventions : une opération chirurgicale, un contexte traumatique ou une intervention en urgence.
Définition : qu’est-ce qu’une position décubitus ?
Le décubitus correspond à l’installation d’un patient dans une position semi-assise. Cela concerne principalement les domaines de l’anesthésie, de la réanimation, de la médecine d’urgence, les domaines préhospitaliers (Samu, pompiers). Différentes variantes existent en fonction de l’intervention envisagée. « Pour toute intervention chirurgicale, le patient repose sur une table d’opération. Cette installation doit répondre aux exigences de l’acte opératoire mais aussi aux impératifs de l’anesthésie (maintien des fonctions vitales). Elle doit être réalisée avec le plus grand soin par l’équipe, sous la responsabilité de l’anesthésiste et du chirurgien pour respecter la sécurité de l’opéré et son confort« , souligne le Dr Paola Mascitti, médecin anesthésiste-réanimateur.
C’est quoi une position décubitus ventrale ?
Le décubitus ventral correspond à l’installation du patient en position allongée sur le ventre. Cette position permet l’accès à la partie postérieure du corps pour différents actes chirurgicaux. « L’impératif dans cette position est le positionnement de la tête, l’absence de compression oculaire et la vérification des points d’appui au niveau du tronc et des membres« . Cette position peut faire l’objet de différentes prises en charge. « Dans le contexte de l’épidémie à Covid, certains patients hospitalisés en réanimation pour insuffisance respiratoire grave ont bénéficié de séances de ventilation mécanique en décubitus ventral, d’une durée variable jusqu’à 12 heures, afin d’améliorer le recrutement pulmonaire et l’oxygénation« , souligne-t-elle.
C’est quoi une position décubitus latérale ?
Le décubitus latéral correspond au positionnement du corps allongé du patient sur un des côtés. Elle est principalement utilisée pour les chirurgies thoraciques, les lombotomies et les chirurgies de la hanche.
C’est quoi une position décubitus dorsale ?
Le décubitus dorsal est un positionnement du corps allongé sur le dos qui respecte l’alignement de la tête, du cou et du tronc avec les bras le long du corps ou positionnés à 90° par rapport à l’axe du corps. C’est une des positions opératoires les plus fréquentes, notamment pour les interventions chirurgicales. « Plusieurs variantes de cette position peuvent être envisagées : la position semi-assise, les positions déclive et proclive : tête placée plus bas que les pieds pour la première ; membres inférieurs plus bas que la tête pour la seconde« , énumère le Dr Paola Mascitti.
Pourquoi mettre un patient en position décubitus ?
La position décubitus permet de positionner le patient de manière à surveiller ses constances et peut être déclinée selon l’état du patient. La position latérale de sécurité (ou PLS) est la mise en décubitus latéral d’une personne qui respire normalement mais présentant des troubles de conscience (AVC, phase postcritique d’une crise épileptique, traumatisme crânien). Elle peut être réalisée par une seule personne et permet de maintenir la perméabilité des voies aériennes, tout en assurant l’évacuation de sécrétions buccales.
Quand mettre un patient en position décubitus proclive ?
En décubitus proclive, le patient est installé progressivement avec la tête plus haute que les membres inférieurs. Cette position permet l’abaissement des organes pour faciliter le champ opératoire et réduire la pression intracrânienne. « La surélévation de la tête optimise le retour veineux jugulaire en réduisant le volume sanguin cérébral. Cette position est fondamentale en cas d’œdème cérébral. Ainsi, en réduisant la pression abdominale sur le diaphragme la position proclive permet la redistribution de la ventilation vers les zones pulmonaires postéro-basales, moins bien oxygénées en décubitus dorsal« , note le Dr Mascitti. Cette position est donc conseillée en cas de difficultés respiratoires, notamment chez les personnes obèses.
Quand mettre un patient en position décubitus déclive ?
En décubitus déclive, le patient est installé la tête en bas avec une inclusion qui ne doit pas dépasser 20° pour ainsi favoriser l’irrigation du cerveau. En cas de choc hémorragique, d’hypotension (chute de la tension artérielle), le fait de surélever les membres permet le retour veineux : « le débit cardiaque est augmenté et permet de préserver des organes très sensibles aux chutes de tension : le cœur et le cerveau », ajoute-t-elle.
Quelle est la position recommandée en cas de traumatisme ?
En cas de traumatisme (accident de la voie publique), la position recommandée est le décubitus dorsal. En cas de traumatisme crânien avec troubles de la conscience, la position PLS est recommandée mais la manœuvre doit être effectuée de préférence à deux, afin de maintenir la tête dans l’axe en cas de suspicion de lésion du rachis cervical. « La personne sera positionnée du côté du membre fracturé pour en éviter la mobilisation ». Chez les femmes enceintes et les personnes obèses, la PLS doit être faite du côté gauche pour éviter la compression de la veine cave. Chez l’enfant, la vigilance dans la réalisation de la manœuvre est fondamentale, notamment par rapport à des zones très fragiles comme le rachis cervical.
Quels sont les risques d’une position décubitus ?
Les caractéristiques et difficultés propres à chaque patient doivent être prises en compte avant chaque intervention et positionnement, notamment chez les personnes dénutries, les personnes obèses, les diabétiques ou les personnes atteintes d’artériopathie qui sont plus à risque de faire des complications. Les risques sont principalement liés à l’immobilisation « les points d’appui doivent être vérifiés avant l’intervention« . Le décubitus et ces variantes peuvent parfois avoir des conséquences sur le fonctionnement de l’organisme du patient. Dans certains cas, des lésions nerveuses périphériques, des lésions cutanées, des lésions oculaires ou des lésions de type ischémique « suite à la compression prolongée de certains vaisseaux ou à une hypotension persistante non corrigée » peuvent être observées.
Merci au Dr Paola Mascitti, médecin anesthésiste-réanimateur à Paris et médecin conseil de la MACSF (Mutuelle d’assurance du corps de santé français) .