Prenez un Ryzen 4000, ajoutez-lui tout un tas de certifications, de garanties, nappez d’outils professionnels et d’une couche supplémentaire de sécurité et voilà, vous obtenez un Ryzen Pro 4000. Un processeur ou plutôt une gamme de processeurs dont les spécifications sont donc similaires ou très proches des Ryzen 4000 « normaux », mais bénéficiant d’outils et de garanties afin de répondre aux besoins des grosses entreprises, à la manière des puces « vPRO » d’Intel, le maître incontesté de ce marché.
Loin de l’avalanche de puces, ce sont ici trois processeurs qui sont annoncés. Ou plutôt 5 + 3 : aux cinq Ryzen 4000 normaux qui vont être intégrés dans les ultraportables business, AMD ajoute donc trois processeurs intégrant les outils « Pro » pour les PC certifiés.
En haut de la gamme, le Ryzen 7 Pro 4750U, un dérivé du Ryzen 7 4800U à 8 cœurs/16 tâches avec des fréquences à la baisse de 100 MHz en normal et en turbo et un cœur graphique de moins. Vient ensuite le Ryzen 5 Pro 4650U, en tout point similaire côté spécifications et performances théoriques au Ryzen 5 4600U. Puis le Ryzen 3 Pro 4450U, un genre de Ryzen 3 4300U, mais qui bénéficie du SMT et avec une fréquence de base un peu à la baisse.
Trois puces qui affichent un TDP de 15W qui semble non configurable comme le sont ceux des processeurs « normaux ». Les clients business grand compte n’aiment en effet pas les surprises, pas question ici pour un acheteur de se demander si la puce qui équipe les 3 000 PC portables est paramétrée à 12W (moins de puissance) ou à 25W (moins d’endurance de la batterie) !
Ryzen 4000 : des cœurs et du 7 nm
Avec jusqu’à 8 cœurs physiques et 16 cœurs logiques, la génération Ryzen Pro 4000 a de quoi tenir tête aux puces Intel en matière de puissance, et d’endurance. Pour l’heure, en effet, les seuls processeurs mobiles vPRO d’Intel sont gravés en 14 nm alors que les puces d’AMD profitent du process de gravure en 7 nm de TSMC.
L’écart est ici important, les CPU d’AMD ont donc une belle carte technologique à jouer le temps qu’Intel ne décline ses puces de 10e génération en 10 nm, procédé pour l’heure réservé aux CPU mobiles grand public.
Qui dit machine professionnelle, dit sécurité. Sécurité ici avec un grand S car il ne s’agit pas uniquement de sécurité matérielle, mais aussi de sécurité logicielle et de sécurité en matière d’approvisionnement.
Des besoins auxquels la gamme Ryzen Pro 4000 veut répondre. Côté matériel, les puces Ryzen Pro 4000 intègrent AMD Pro Security et AMD Memory Guard, des protections hardware contre les attaques et autres vols de données.
Côté logiciel, AMD garantit la compatibilité avec les outils Microsoft issus de Windows (Secure-Core PC, Bitlocker, etc.), mais aussi avec les technologies propriétaires des grands noms du PC Business tels que HP ou Lenovo. Et les outils d’administration nécessaires à la gestion d’un parc machine conséquent.
L’autre sécurité qu’apporte ce genre de processeur est celle de la disponibilité, puisque ces puces seront produites pendant 24 mois afin de garantir de pouvoir les retrouver dans des machines de générations différentes. Un point important pour certains gros clients qui développent des outils de sécurité certifiés pour un certain type de processeur.
AMD s’attaque à un marché ultra dominé par Intel
Si le monde des PC portables est largement dominé par Intel, celui des PC portables à puces « Pro » est lui complètement sous la coupe du géant de Santa Clara. Après avoir secoué son adversaire dans les PC de bureau avec des puces performantes et moins chères (comme le dernier Ryzen 3 3300X), AMD s’attaque donc à Intel sur son terrain de prédilection.
Une conquête qui ne pourra qu’être laborieuse et longue : quand le grand public est très attentif au prix, sur le marché pro, les arguments majeurs sont la sécurité, les garanties technologiques (disponibilité des produits, certifications), etc.
Mais il y a une autre donne contre laquelle AMD doit lutter : les habitudes. Dans ce domaine, Intel a clairement l’avantage, certaines marques, comme Dell, n’ayant tout simplement jamais lancé de produit « Pro » avec une autre puce qu’Intel. Sans compter qu’Intel dispose d’équipes pour maintenir les liens avec les grands comptes, tant du point de vue technologique que relationnel – et oui, même à l’ère du grand cloud et des machines, cela compte encore.
Toute conquête significative de la part d’AMD prendra donc du temps. Surtout si Intel retrousse ses manches et contre-attaque rapidement.