Le Covid-19 ne rebattra pas les cartes du marché numérique. La position hégémonique des géants américains ne fait que se renforcer depuis le début de l’année. L’équation est simple : le confinement et la distanciation sociale imposés à cause de la pandémie nous obligent à travailler, communiquer, consommer et nous divertir davantage en ligne. Et donc à utiliser encore plus les services des GAFAM qui étaient taillés sur mesure pour répondre à cette demande.
Microsoft grand vainqueur
Certes, les GAFAM ont perdu quelques plumes. Facebook et Google ont enregistré une chute de leurs revenus publicitaires au mois de mars et Apple a encore vu ses ventes d’iPhone baisser. Mais ils ont tous affiché des résultats financiers très satisfaisants pour le premier trimestre et leur cours de bourse est en hausse. Le champion du e-commerce Amazon a vu ses ventes en ligne bondir, Apple a enregistré une belle progression de ses services Apple TV+ et Apple Music, Google a pu compter sur la forte demande sur le cloud et la croissance de Youtube, tandis que Facebook capitalise sur le succès de ses messageries, ainsi qu’une audience et un engagement à la hausse sur les réseaux sociaux.
Mais la performance la plus spectaculaire est signée Microsoft. La firme de Redmond parvient carrément à dépasser toutes les attentes avec une croissance de 15% de son chiffre d’affaires au premier trimestre par rapport à l’année dernière. Non seulement Windows a bénéficié d’une hausse inespérée de la demande des PC à cause du confinement, mais en plus la messagerie collaborative d’entreprise Teams a presque doublé le nombre de ses utilisateurs : elle en totalise aujourd’hui 75 millions. L’activité cloud est également en forte hausse. Son patron Satya Nadella a parfaitement résumé la situation lors de la présentation des résultats financiers de l’entreprise :
« Nous venons d’assister à deux ans de transformation numérique en deux mois », a-t-il déclaré. Une numérisation à marche forcée qui touche aussi bien les entreprises, que les administrations ou la société civile.
Le triomphe du streaming et de la visioconférence
A côté de la confortation des GAFAM, on notera le succès logique du streaming vidéo qui profite à Netflix, Amazon Prime Video ou encore Disney + qui a déjà conquis plus de 54 millions d’abonnés en seulement quelques mois d’existence. N’oublions pas les succès, certes plus modestes, d’acteurs français comme LaCinetek qui se présente comme un anti-Netflix avec sa programmation de films d’auteur et du patrimoine. OCS a connu un regain d’intérêt malgré l’arrêt de Games of Thrones. UniversCiné et FilmoTV ont enregistré de fortes hausses de leurs utilisateurs.
Difficile de ne pas évoquer non plus le triomphe des applications de visioconférence, pas toujours préparées à une telle affluence des internautes. Zoom, Houseparty et Jitsi, ont profité à plein des réunions en ligne et des apéros à distance. Il faudra voir si elles réussissent à fidéliser les gens au-delà de cette période de crise. D’autant que les GAFAM ont sorti l’artillerie lourde pour ne pas se laisser déborder comme Facebook qui a lancé Rooms ou Google qui a rendu gratuit Google Meet.
Les plates-formes de partage en difficulté
L’avenir est beaucoup moins rose pour les stars des plate-formes de partage qui prenaient des commissions sur les transactions entre particuliers. Avec des contacts rapprochés prohibés, des envois de colis qui souffrent, des circulations restreintes et des voyages impossibles, leur chiffre d’affaires s’est effondré sans espoir de reprise rapide.
Le leader de la location de vacances Airbnb a annoncé un plan de licenciement massif, et la friperie en ligne Vinted a du interrompre plusieurs semaines des ventes qui tournent désormais au ralenti. D’autres ont encaissé la crise sans broncher, comme le site de petites annonces Leboncoin ou la plate-forme de covoiturage Blablacar. Pour eux pas de doute, les Français reviendront. La crise économique qui nous attend les contraindra à faire attention à leurs dépenses et donc à se tourner vers les plate-formes de partage.
Et puis, il y a des accidents industriels. Les projets qui nécessitent d’énormes investissements comme les constellations géantes de satellites vont ressortir extrêmement fragilisés par la pandémie. OneWeb souffre des difficultés de son actionnaire Softbank et cherche maintenant à être racheté. Magic Leap espère être repris par un acteur du secteur médical pour éviter la faillite. Deux entreprises fragilisées bien avant la crise sanitaire mais qui viennent de recevoir le coup de grâce avec cette dernière.
Terminons enfin avec les start-ups. Décrocher des investisseurs n’était pas chose aisée mais la récession probable à venir va rendre les choses encore plus complexes. Les jeunes pousses déjà lancées voient, elles, leur survie menacée. La France a débloqué un plan de quatre milliards d’euros pour les soutenir. Pas sûr que cela suffise.