Il y a quelques jours, Orange posait la station d’atterrissage du futur câble sous-marin Dunant de Google sur la plage de Saint-Hilaire-de-Riez en Vendée. Lorsqu’il sera opérationnel, il reliera les Etats-Unis à la France.
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Quel est l’intérêt de Google ?
Google a déjà des parts dans 12 autres câbles sous-marins, comme Havfrue (connexion avec le Danemark et l’Irlande), HK-G (avec Hong-Kong), JGA (avec le Japon).
« Si nous investissons dans ces infrastructures de fibre optique, c’est pour répondre à la croissance du trafic internet mondial et de nos besoins internes », nous explique Fabien Vieau.
L’Américain ne possède toutefois qu’un seul autre câble sous-marin à titre privé. Il s’agit de Curie qui dessert le Chili. Pourquoi cette stratégie ?
« Cela nous permet de maîtriser les choix technologiques. L’architecture du câble pèse notamment sur le temps de latence des communications. Mais c’est aussi un gain de temps car quand vous êtes membre d’un consortium, les décisions sont plus complexes et longues à mettre en œuvre puisque tout le monde doit se mettre d’accord.
Enfin, nous nous sommes rendus compte que financièrement, cela n’était pas inintéressant », détaille Fabien Vieau.
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Dunant servira aux besoins internes du géant américain
Google ne nourrit toutefois aucune ambition en tant qu’opérateur télécom. Il n’est pas non plus question que Dunant vienne alléger le trafic internet français à destination de ses services grand public comme Google Photos ou YouTube. Le câble va relier deux data centers de Google et servir essentiellement en interne.
« Il va nous être utile pour échanger des données, faire du développement, des calculs en intelligence artificielle ou encore pour les entreprises qui sont clientes de nos services de Cloud. Mais peut-être servira-il aussi à de futurs services ».
Orange ayant l’octroi d’une paire de fibre optique sur la douzaine que contiendra le câble, il est toutefois possible que ses abonnés en bénéficient indirectement lorsqu’ils se connecteront.
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Un câble hyper performant
Dunant est un câble de dernière génération et logiquement à la pointe de la technologie.
« Ce câble intègre douze paires de fibre contre deux à trois pour les câbles plus anciens. C’est assez considérable », souligne Jean-Luc Vuillemin.
C’est aussi une contrainte car la régénération du signal qui est effectuée dans des répéteurs installés tous les 80 km environ, est beaucoup plus complexe. Google annonce un débit total de 250 T/bits, bien que chaque paire puisse atteindre en théorie les 30 Tbit/s.
« C’est impressionnant mais il ne faut pas oublier que ce débit astronomique est déterminé en pratique par les équipements qui seront installés aux extrémités du câble qui ne reste finalement qu’un support physique », tient à clarifier Jean-Luc Vuillemin.
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Que reste-t-il à faire ?
La partie française de Dunant a donc été posée par les équipes d’Orange et attend maintenant d’être raccordée au tronçon qui sera posé ultérieurement en haute mer .
« La barge a laissé une extrémité du câble en instance à 5 km des côtes. Elle est protégée par une cage en fer », nous explique Jean-Luc Vuillemin.
Le câble a été enfoui sous le sable de la plage et recouvert avec des coquilles en fonte. La station d’atterrissage se situe sur la terre ferme, à quelques dizaine de mètres de la mer.
De là, Dunant va rejoindre directement le centre de données de Google situé à Saint-Ghislain, en Belgique. De l’autre côté de l’Atlantique, Dunant débouchera sur la station d’atterrissage de Virginia Beach, sur la côte Est des Etats-Unis, avant de relier le centre de données du comté de Loudoun, en Virginie du Nord.
C’est à Subcom, le principal partenaire de Google sur ce projet, de terminer désormais l’opération. L’entreprise doit encore réaliser l’atterrissage sur les côtes américaines, la pose des 6 600 km de câbles dans les profondeurs océaniques et l’assemblage final de ces trois parties. Sa mise en service était initialement fixée à la fin de l’année. Reste à savoir si la crise provoquée par la pandémie de Corinavirus bouleversera ces plans.