En amont de sa sortie le 10 avril prochain, nous avons pu poser nos mains durant quelques heures sur le remake très (très) attendu de Final Fantasy VII. Premières impressions d’un titre impressionnant.
C’est peu dire que Final Fantasy VII, édité par Square Enix, a durablement marqué ceux et celles qui y ont joué pour la première fois en 1997. Episode le plus emblématique de la franchise sorti en 1997 sur la première Playstation, vendu à 11 millions d’exemplaires, Final Fantasy VII est souvent considéré comme le jeu de rôle le plus marquant de la console, non seulement pour ses personnages attachants, mais aussi pour la révolution technique qu’il représenta à l’époque. Outre le fait d’avoir été le premier jeu de la série à offrir de la 3D, ce fut avec cet épisode que toute une génération de joueurs a découvert la saga des Final Fantasy, alors totalement inconnue (par le grand public) en Europe. Un épisode iconique, sur lequel l’éditeur n’a pas évidemment pas hésité à capitaliser. Trois épisodes Spin-off virent le jour, ainsi que deux films d’animation, Final Fantasy VII : Last Order et Final Fantasy VII : Advent Children. Sans compter de mini-jeux inspirés de Final Fantasy VII et des adaptations sur smartphones.
Annoncé lors de l’édition 2015 de l’E3, avec une vidéo plutôt évasive d’ailleurs, ce projet de vrai remake, longtemps attendu par les amoureux transis de la licence, avait carrément suscité une standing-ovation dans l’assistance. C’est que Square Enix a longtemps écarté l’hypothèse d’un véritable remake de FF7. Depuis, le projet était suivi comme le lait sur le feu par les fans. Après un léger report, Final Fantasy VII Remake est attendu pour le 10 avril prochain.
Dans FF7, pour rappel, le monde est sous le contrôle de la Shinra, une compagnie hégémonique qui produit de l’énergie en exploitant la “mako”, l’énergie vitale de la planète. Cependant, à Midgar, la mégalopole où siège la compagnie, des résistants d’un groupe appelé Avalanche se battent pour arrêter la Shinra. Pour les aider dans leur mission, ils ont engagé les services de Cloud Strife, un mercenaire ancien membre des SOLDATs, les troupes d’élite de la Shinra, qui ne se doute pas encore des terribles conséquences de ce combat…
Séquence émotion
En amont de cette sortie, mercredi 26 février, nous avons pu poser nos mains sur le titre durant une session de jeu d’un peu plus de 3h. Comme pour souligner l’importance qu’il accorde au développement et à la réception de cet opus, le Creative Director Yoshinori Kitase avait fait le déplacement pour présenter aux journalistes cette version, accompagné de Naoki Hamaguchi, en charge de la conception et la programmation de ce Final Fantasy VII Remake. “Pour nous, il ne s’agit pas juste d’une simple remasterisation. C’est clairement une réinterprétation du jeu. On ne pouvait pas se contenter de faire une simple copie de l’original. Avec Final Fantasy VII remake, nous voulons offrir la meilleure expérience possible pour un titre iconique, et même offrir un titre encore plus grand que le jeu de 1997, et qui va plus loin” lâchait Kitase. Voilà pour la promesse de foi.
L’approche visuelle du titre est effectivement vraiment impressionnante, boostée par un moteur de jeu Unreal Engine 4 très modifié par l’équipe de développement. “Plus vous utilisez des outils performants, plus vous pouvez montrer un large panel des possibilités” explique quant à lui Naoki Hamaguchi. Pour tout dire, on est même ému, à retrouver tout le charme esthétique de cette ville industrielle de Midgar et son inspiration cyberpunk, ses hauts quartiers et ses bas fonds, dans un quasi pendant vidéoludique à la Métropolis de Fritz Lang ou, si l’on préfère et pour rester plus local, à sa (brillante) variante dans le film d’animation du même nom signé par le grand Rintaro. Tout est là, mais en beaucoup plus beau, 23 ans plus tard, y compris jusqu’au plan iconique, au tout début du jeu, de Cloud, pris de dos et en contre-plongée, tandis que se découpe face à lui l’inquiétante silhouette de la ville. Les souvenirs affleurent, car la ville est la première vision qu’ont eu les joueurs de ce jeu. On aurait presque envie de pleurer…
Dans cet écrin de choix, les personnages ne sont pas en reste. Outre un casting vocal localisé (même si les puristes préfèreront sans doute jouer en japonais sous-titré), le travail abattu sur ceux-ci est saisissant. Là aussi, on a le sentiment ému de redécouvrir avec ces nouveaux visages un titre qui a bercé notre adolescence. “Nous ne visons pas le photoréalisme, mais plutôt une approche unique” expliquait Kitase. Son équipe s’est donné les moyens de ses ambitions : utilisation de la Motion Capture, plus grande expressivité des personnages et de leurs émotions, Cut-Scenes refaites ou nouvelles, travaillées pour que les transitions soient les plus douces, nouveaux dialogues, nouvelles séquences, comme les flashs (back) vécu par Cloud, présentés différemment du jeu original… Sans oublier un Design sonore intégralement refait et une sublime réorchestration des morceaux musicaux originaux. En clair, l’équipe ne s’interdit rien, en veillant cependant toujours à préserver, tel un mantra, l’héritage du jeu original.
Dans celui-ci d’ailleurs, la partie se déroulant dans la ville de Midgar représentait environ 5 à 10% de l’histoire, soit environ 4-5h de jeu. Dans Final Fantasy VII Remake, la taille de la ville est censée être gigantesque, bien plus importante que la version originale. Ce qui suppose effectivement des ajouts très conséquents. De quoi justifier aussi selon Square Enix le découpage du jeu en épisodes, décision qui avait fait grincer des dents lors de son annonce. Mais force est de constater que le travail abattu, de ce que l’on a pu en voir, est colossal. La version qui sortira le 10 avril prochain ne concerna justement que l’aventure dans Midgar, et tiendra au passage sur deux Blu-ray.
Lors du salon de l’E3 en juin 2019, nous avions pu brièvement poser nos mains, durant 15 min, sur une démo du jeu, où l’on affrontait le fameux scorpion gardien du réacteur 1 dans la centrale de Midgar. Durant nos récentes trois heures de jeu, nous avons pu parcourir les chapitres 1 et 2, ainsi que le chapitre 7, où l’on contrôlait les personnages de Cloud, Tifa et Barret, jusqu’à un affrontement avec un boss nommé “Aérodestructeur”, dont il faut réduire au préalable la puissance de feu en trouvant des cartes magnétiques de sécurité permettant de désactiver partiellement ses fonctions / armements.
On ne s’étendra pas plus que ça sur le système de combats hybrides du jeu, mélangeant action en temps réel et combats stratégiques axés sur les commandes. En fait, il reprend le système de combat de Final Fantasy XV. Le résultat donne des affrontements nerveux, très efficaces. Mais il vous donnera aussi parfois, notamment devant les boss, du fil à retordre. L’affrontement avec l’aérodestructeur justement, dans le réacteur 5, nous a demandé d’utiliser le maximum des capacités du groupe en changeant régulièrement de personnages, penser à utiliser régulièrement la garde en appuyant sur la touche R1 de la manette, lancer des sorts de soins, ouvrir l’inventaire pour descendre des potions de soins, varier les attaques, le tout jusqu’à “stunner” (étourdir) le boss pour lui faire enfin encaisser de gros dégâts. Un combat qui demandait pas mal de concentration et de jonglage, même pour un initié. On imagine que, pour un public novice qui se laisserait tenter par le jeu -c’est aussi clairement une des cibles de l’éditeur-, il risque très certainement de s’emmêler les pinceaux dans les combats. En tout cas, au moins pendant un moment, même si la courbe d’apprentissage n’est pas aussi raide que supposée. Quoi qu’il en soit, nous avons passé beaucoup de temps sur ce combat, au point d’ailleurs de ne pas en avoir assez pour affronter, plus loin dans le jeu, dans les égouts de la ville, un autre boss du nom de Apsu, à l’aide d’un trio composé de Cloud, Tifa et Aeris, la marchande de fleurs aux pouvoirs magiques.
Jeu de rôle oblige, il faudra évidemment prendre soin de l’équipement de vos personnages. Vous aurez d’ailleurs l’opportunité de booster les aptitudes de chacun grâce à ce que l’on appelle les matérias. Des sphères incrustables dans votre équipement, qui permet par exemple d’augmenter vos capacités offensives en magie de feu ou de glace, donner un coup de fouet à vos statistiques de base comme vos points de vie, points de magie, une autre favorisant l’esquive, etc… Ces matérias de différents types peuvent d’ailleurs être augmentées grâce à l’expérience acquise par les personnages, ce qui permettra de deverrouiller de nouvelles capacités encore plus puissantes. Toutefois, on ne peut pas en embarquer un nombre illimité, évidemment. Aussi faudra-t-il choisir avec soin celles que l’on souhaite mettre, quitte à changer régulièrement, en fonction des affrontements. La liberté du build de vos personnages est là-dessus totale.
In fine, puisqu’il faut bien conclure, on voit mal comment, sauf catastrophe industrielle, Square Enix pourrait manquer ce rendez-vous tant attendu avec les fans de la licence, et en particulier de cet opus. Ce serait faire injure au savoir-faire des équipes de développement ayant travaillé d’arrache-pied sur cette version. Un remake qui devrait être capable de fédérer à la fois les inconditionnels et les nouveaux venus à l’univers de Final Fantasy. En attendant la date fatidique du 10 avril, vous pouvez déjà voir à quoi ca ressemble manette en main, puisqu’une démo est sortie le 2 mars. Une petite mise en bouche avant le gros plat de résistance en approche. Vivement…