Douleurs qui ne passent pas, raideurs… On n’y pense pas toujours avant 50 ans mais l’arthrose peut commencer plus tôt. Identifier les symptômes de l’arthrose quand on est jeune permet de freiner l’évolution.
L’arthrose, une maladie de « vieux » ? Pas du tout. « Beaucoup de jeunes sont atteints d’arthrose et il faut les soigner pour qu’ils ne s’aggravent pas eux-mêmes » nous explique le Dr Odile Picard-Paix, médecin généraliste, oligothérapeute et auteure du livre « L’arthrose à 40 ans, comment l’éviter, comment la soigner » (éditions du Rocher). Il y a encore 50 ans, l’arthrose était effectivement rangée dans la catégorie des maladies du vieillissement « mais cette définition a été repositionnée en tenant compte du fait qu’elle peut aussi toucher des jeunes » poursuit notre interlocutrice. Non pas qu’il y ait plus de jeunes arthrosiques aujourd’hui qu’hier mais parce qu’il est important de ne pas les laisser en errance face à des symptômes qu’ils ne comprennent pas. Justement, quels sont les signes évocateurs d’arthrose précoce ?
1. Une douleur qui ne passe pas malgré le repos
« La douleur représente chez le jeune arthrosique le premier signe d’alerte » constate le Dr Picard-Paix. Au début, il s’agit d’une gène qui va, qui vient ou d’une douleur modérée lors d’une activité physique qui s’estompe. Mais au fil du temps « la douleur ne passe plus, elle n’est plus fugace, elle ne cède plus ou moins au repos, elle s’installe et il est de plus en plus nécessaire de prendre des antalgiques pour être soulagé » détaille la spécialiste.
2. Des douleurs qui commencent à survenir aussi la nuit
Après la prise de médicaments antalgiques, une amélioration de la douleur est généralement observée invitant alors à la reprise du sport, du jardinage… Mais cela ne dure qu’un temps car les traitements sont de moins en moins efficaces. Les douleurs commencent alors parfois à se manifester la nuit. « La survenue de douleurs nocturnes signifie qu’une réaction inflammatoire s’ajoute aux simples symptômes arthrosiques habituels » explique la spécialiste, alors que l’arthrose n’est pas une maladie inflammatoire à l’origine. C’est donc un signe supplémentaire de gravité.
3. Des raideurs et un « dérouillage » compliqué
C’est un symptôme trompeur car la raideur, quand on est jeune, est souvent associée à une origine musculaire. Une grosse séance de sport la veille, des mouvements inhabituels… et on pense qu’il est normal d’avoir du mal à se lever du canapé, de son lit le lendemain matin ou encore de sa chaise de bureau, après y avoir été assis pendant plusieurs heures. « En réalité, deux types de raideurs coexistent : la raideur d’origine purement articulaire liée à l’arthrose et la raideur musculaire liée à des contractures » distingue le Dr Picard-Paix. En cas d’arthrose, « la raideur est associée à un temps de dérouillage compliqué, de quelques secondes à quelques minutes ».
Il devient difficile de tourner la tête : arthrose cervicale ?
La raideur et les problèmes de mobilité ne passent pas avec le temps. Il devient de plus en plus difficile de se pencher en avant (arthrose lombaire) de tourner la tête (arthrose cervicale), de monter des escaliers (arthrose du genou), de marcher longtemps (arthrose de hanche ou de genou).
4. Une réelle diminution des performances physiques
Une personne jeune qui souffre d’arthrose constate une diminution de ses performances physiques : « Elle se sent moins capable, n’arrive plus à bricoler comme avant, à jardiner voire à travailler. A ce stade, théoriquement, elle va consulter car le handicap devient trop pénible » explique le médecin. Cependant, souvent, cette consultation est tardive : « L’insatisfaction du patient peut évoluer vers un rejet des symptômes, véritable déni. Nos patients nous disent souvent « Je pensais que cela passerait tout seul ». »
Que faire ?
D’abord consulter le médecin traitant. Si le diagnostic d’arthrose est confirmé (par des radios), il donnera plusieurs conseils pour diminuer les symptômes :
- prendre des antalgiques
- utiliser des gels anti-inflammatoires,
- diminuer un peu vos activités,
- faire des séances de kinésithérapie
- faire des infiltrations de corticoïdes (en cas de douleurs très aiguës avec une réaction inflammatoire importante)
Il pourra également vous adresser à un rhumatologue. Cependant « celui-ci n’aura pas toujours la démarche thérapeutique dans la perspective d’un traitement de fond. L’arthrose sera jugulée mais pas toujours traitée » explique le Dr Odile Picard-Paix. Pour elle, « l’efficacité thérapeutique est liée à l’utilisation conjointe de traitements de fond médicamenteux et non médicamenteux« .
« Il faut continuer à être actif »
Parmi ces traitements :
- les oligo-éléments (le cuivre, le soufre, le manganèse, le sélénium, le silicium),
- les médicaments chondroprotecteurs (glucosamine, chondroïtine),
- la phytothérapie,
- l’homéopathie
- les cures thermales.
Ces médecines alternatives « doivent être associées aux traitements allopathiques prescrits sans les interrompre de façon systématique, ni les modifier » précise-t-elle. Pour en bénéficier, il faut consulter un médecin oligothérapeute, homéopathe ou phytothérapeute. En parallèle « il faut continuer à être actif tout en adaptant son activité (physique, personnelle et professionnelle, ndlr) avec beaucoup de bienveillance et de lucidité ». En mettant en place ces précieux conseils, « on peut suspendre le processus arthrosique ou au mieux, le ralentir ».