Quand faire une arthrodèse lombaire ?



L’arthrodèse lombaire est un geste chirurgical qui consiste à faire fusionner au moins deux vertèbres entre elles. Comment se déroule l’intervention ? Quelles sont ses indications ? Les risques ?

Définition : qu’est-ce qu’une arthrodèse lombaire ?

L’arthrodèse lombaire est un geste chirurgical qui consiste à faire fusionner des vertèbres entre elles afin de traiter une pathologie dorsale. Si cette technique de consolidation des vertèbres est éprouvée depuis des décennies, elle a énormément évolué. Autrefois, les arthrodèses n’étaient pas instrumentées tandis qu’aujourd’hui, on utilise des matériaux (vis, tiges, plaques métalliques) pour unir les vertèbres le temps que la consolidation osseuse se fasse. « Moins invasive, l’arthrodèse lombaire actuelle vise à corriger l’équilibre du patient. Grâce à l’utilisation d’outils offrant une plus grande précision, on diminue les saignements, les douleurs, la consommation d’antalgiques ainsi que la durée du séjour. On commence également à voir apparaître des arthrodèses effectuées par voie endoscopique qui associent le mini invasif et la libération endoscopique« , développe le Dr Steffen Queinnec, chirurgien orthopédiste

Indications : quand faire une arthrodèse lombaire ?

Les principales indications de l’arthrodèse lombaire sont : 

  • Les déformations rachidiennes comme les scolioses 
  • Les dislocations dues à l’arthrose 
  • Les usures prématurées ou non du disque non élucidées sur le plan étiologique 
  • Les maladies du disque telles que les dégénérescences discales 
  • La spondylolisthésis lombaire qui se caractérise par le glissement d’une vertèbre par rapport à une autre 
  • Une fracture de la colonne vertébrale

« Outre des douleurs, toutes ces pathologies peuvent induire des troubles de l’équilibre. L’arthrodèse permet de maintenir la colonne en bonne position« , commente le chirurgien orthopédiste. 

Où faire une arthrodèse lombaire ? 

L’arthrodèse lombaire est une intervention chirurgicale réalisée par un chirurgien orthopédiste ou un neurochirurgien dans un bloc opératoire, sous anesthésie générale le plus souvent. L’opération dure environ trois heures et nécessite en moyenne 1 à 4 nuits d’hospitalisation. On réserve l’arthrodèse à l’échec d’un traitement médicamenteux (antalgiques, anti inflammatoires, corticoïdes, myorelaxants, infiltrations de corticoïdes, kinésithérapie, port de lombostat au cours de plusieurs mois, en général au minimum 6 mois (en dehors de situations urgentes)).

Suite à une arthrodèse lombaire, le taux de consolidation est estimé entre 90 et 94%

On distingue deux techniques opératoires : l’arthrodèse lombaire par voie antérieure et l’arthrodèse lombaire par voie postérieure. 
► L’arthrodèse lombaire par voie antérieure nécessite que le patient soit installé sur le dos ou sur le côté. Le chirurgien orthopédiste entre dans la colonne vertébrale par la voie abdominale. « Cette technique permet d’obtenir un accès direct en étant moins traumatisant sur les masses musculaires puisqu’on ne sectionne pas les muscles et qu’on contourne les éléments viscéraux« , argue le Dr Steffen Queinnec. 
► L’arthrodèse lombaire par voie postérieure : le patient est allongé sur le ventre. Le médecin réalise une incision cutanée dans le dos en passant entre les muscles pour atteindre les vertèbres. La greffe osseuse est réalisée puis une cage est posée entre deux vertèbres pour redonner la hauteur intersomatique. Des outils comme des vis et des tiges sont alors mis en place pour unir la hauteur entre les vertèbres et l’angulation. Lors de l’intervention, le chirurgien orthopédiste peut également pratiquer une décompression neurologique et la correction d’une déformation du rachis. 
« La voie chirurgicale est à choisir en fonction des habitudes du praticien, de la pathologie en cause et du matériel utilisé pour stabiliser et consolider les vertèbres« , précise notre interlocuteur. 

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Quel est le taux de réussite d’une arthrodèse lombaire ?

« Suite à une arthrodèse lombaire, le taux de consolidation est estimé entre 90 et 94 %. Le taux de consolidation est corrélé au taux de satisfaction du patient qui avoisine les 85%. Une arthrodèse peut montrer une consolidation osseuse parfaite à l’imagerie et pourtant, être responsable de douleurs« , indique le Dr Steffen Queinnec. 

Quelle convalescence après une arthrodèse lombaire ?

Après l’intervention, quelques jours d’hospitalisation sont nécessaires pour contrôler la douleur, changer les pansements et vérifier l’absence de saignement. « L’arthrodèse lombaire change l’anatomie du corps, il y a une phase inflammatoire et une phase d’enraidissement, le sujet doit s’habituer à une nouvelle posture« , informe le chirurgien orthopédiste. Indispensable, la convalescence repose sur la limitation de la position assise pendant la phase initiale pour ne pas mettre trop de contraintes sur les implants. Par la suite, l’assise haute est recommandée pendant une période de 4 à 6 semaines. Le port d’un corset peut être discuté. Vient ensuite la phase de cicatrisation cutanée et musculaire, suivie de la phase de rééducation qui peut s’étaler sur plusieurs mois avec des phases par paliers. « On observe une progression pendant les dix premiers mois puis le résultat sera quasi définitif. La consolidation osseuse est contrôlée par scanner au bout d’un an. Il est possible de reprendre une activité professionnelle sédentaire de bureau au bout de 6 à 8 semaines, puis après 3-4 mois pour un travail debout. Les loisirs peuvent quant à eux être repris de façon progressive« , continue-t-il. 

Quels sont les risques d’une arthrodèse lombaire ? 

Si les cas de paralysie sont rares, les chiffres existent et sont de l’ordre de 0,5%. Ils sont toujours sous lésionnels, c’est-à dire situés sous le niveau opéré. Le sujet peut se plaindre d’une perte de sensibilité, d’une perte de motricité qui peut être temporaire ou définitive, partielle ou totale. Le risque infectieux est également présent, beaucoup moins par la voie antérieure que par la voie postérieure. « Plusieurs facteurs augmentent ce risque infectieux : le tabagisme qui multiplie le risque par quasiment un facteur 7, le diabète et le surpoids. Le risque d’hématomes, de brèches et de défaut de fusion (mauvaise consolidation) existe aussi. Enfin, le taux de réintervention pour des pathologies adjacentes est important. C’est la raison pour laquelle le suivi post-opératoire est rapproché« , détaille le Dr Steffen Queinnec. 

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Y a-t-il des contre-indications à faire une arthrodèse lombaire ?

Les contre-indications sont rares. Il ne faut pas faire d’arthrodèse si l’indication ne semble pas justifiée. 

Merci au Dr Steffen Queinnec, chirurgien orthopédiste à l’Institut du Rachis Parisien, Membre SFCR et SRC.



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Cet article a été écrit par affinite