Le président du conseil scientifique recommande un couvre-feu plus massif ou un reconfinement. Alors que deux conseils de défense sont prévus cette semaine, les écoles pourront-elles rester ouvertes ? Le point sur les dernières actualités.
[Mise à jour du 26 octobre à 18h11]. Le couvre-feu, de 21 heures à 6 heures, a été étendu à 54 départements de métropole ainsi qu’à la Polynésie. Mais le gouvernement planche désormais sur un possible reconfinement, qui pose de nombreuses questions. “Il est trop tôt aujourd’hui pour dire si l’on va vers des reconfinements locaux ou plus larges. On va essayer, à chaque fois, d’aller réduire les lieux, les moments où l’on a identifié que le virus circulait beaucoup“, a déclaré Emmanuel Macron ce 23 octobre, lors d’une visite au centre hospitalier de Pontoise (Val-d’Oise). Pour autant deux conseils de défense sont prévus cette semaine face à la recrudescence de l’épidémie en France. Emmanuel Macron pourrait ainsi opter pour un couvre-feu plus massif (étendu par exemple le week-end), ou un reconfinement qui serait néanmoins plus léger qu’en mars dernier. Pour l’heure, toutes les hypothèses sont sur la table et le gouvernement devrait se prononcer cette semaine. Jusqu’à présent, les écoles, collèges et lycées sont ouverts partout en France. Seules les universités doivent restreindre la jauge avec 50% des cours à distance. “Nos enfants ont besoin de continuer à aller à l’école. Je remercie nos enseignants qui ont fait un travail formidable” avait déclaré Emmanuel Macron lors de l’annonce du couvre-feu le 14 octobre dernier. La veille, Jean-Michel Blanquer avait assuré que les nouvelles mesures ne concerneraient pas les établissements scolaires.
En cas de reconfinement, les écoles resteront-elles ouvertes ?
Alors que l’épidémiologiste Antoine Flahault recommande de ne pas rouvrir les établissements scolaires après les vacances de la Toussaint, le gouvernement tente d’éviter cette hypothèse : d’une part pour permettre aux élèves de poursuivre leur année scolaire déjà suffisamment perturbée, et permettre aux parents de travailler.
Face à cette situation “difficile voire critique”, le président du conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, estime quant à lui qu’il faudrait durcir les restrictions en vigueur en France avec un “couvre-feu plus massif à la fois dans ses horaires, dans son étendue au niveau du territoire national, et qui puisse également être mis en place le week-end“. Après une période de 10 à 15 jours, “on pourrait regarder la courbe des nouvelles contaminations (…), et si on n’est pas dans la bonne direction aller vers le confinement”, a-t-il déclaré ce 26 octobre. Autre hypothèse suggérée par le président du conseil scientifique : “aller directement vers un confinement, moins dur que celui du mois de mars, qui permette à la fois le travail, qui évidemment s’accentuerait en termes de télétravail, qui permettrait probablement de conserver une activité scolaire et qui permettrait aussi de conserver un certain nombre d’activités économiques, qui pourrait être de plus courte durée et qui serait suivi de conditions de déconfinement très particulières, puisqu’on déconfinerait en passant par un couvre-feu”. Selon lui, cette nouvelle vague pourrait durer plusieurs semaines, voire même un ou deux mois.
- Nouvelles mesures en Italie. Ce 26 octobre, 75% des cours seront organisés à distance pour les étudiants italiens, au lycée et à l’université. Le Premier ministre italien, Giuseppe Conte, a par ailleurs renforcé les mesures restrictives dans le pays (cinéma, théâtre, salles de gym et piscines) jusqu’au 24 novembre, mais les écoles ainsi que les maternelles resteront ouvertes.
- Mi-octobre, la République tchèque a décidé de fermer les écoles primaires et élémentaires pour plusieurs semaines.
- Le couvre-feu (de 21h à 6h) est étendu à 54 départements de métropole ainsi qu’en Polynésie.
- L’état d’urgence sanitaire est prolongé jusqu’au 16 février 2021.
- Après les vacances de la Toussaint, le protocole allégé pour limiter les fermetures de classes sera maintenu. Les classes ne seront donc pas dédoublées comme le prévoit le protocole sanitaire en cas de circulation très active du virus. “Il faudrait des contaminations encore plus importantes”, a précisé Jean-Michel Blanquer sur RTL ce 13 octobre.
- Des Clusters dans les universités. Depuis le 6 octobre, la jauge des universités doit être réduite à 50%, dans les zones d’alerte renforcée ou d’alerte maximale. Selon l’ARS des Pays de la Loire, l’école de commerce Audencia située à Nantes, fait partie de l’un des plus gros clusters observé en France. “Au total, 1013 tests ont été passés, 212 étudiants sont positifs depuis la rentrée, avec un taux de positivité de 24,1%”
- Augmentation des enseignants. “Les enseignants concernés verront leur augmentation de salaire à partir du mois de janvier prochain”, a précisé ce 25 septembre sur franceinfo Jean-Michel Blanquer.
- Retour des enfants à l’école : pas de certificat médical. L’Ordre national des médecins a rappelé que les médecins n’ont pas à remettre de certificat médical “de non-contre-indication au retour à l’école” lorsque les enfants présentent des symptômes évocateurs du Covid-19. En effet, certains professionnels de santé ont subi des pressions pour en établir.
Selon les derniers chiffres du ministère de l’Education nationale (données arrêtées au 15 octobre à 13h), on compte actuellement 27 établissements scolaires fermés en France (22 écoles, 3 collèges et 2 lycées). Au total, dans les écoles ouvertes, 293 classes sont closes et les élèves suivent les cours à la maison. En ce qui concerne les cas de Covid confirmés à l’école, le ministère enregistre sur les 7 derniers jours 8223 élèves positifs, soit 1713 de plus en 24h, et 2063 cas du côté du personnel éducatif, soit 440 de plus en 24h. Selon le ministre de l’Education nationale, les cas de Covid à l’école sont assez stables. Pour Jean-Michel Blanquer, l’école n’est donc pas pas “le nid du virus” comme le laissait penser le dernier bulletin hebdomadaire de Santé publique France publié ce 24 septembre selon lequel les écoles et les universités sont considérées comme la première “collectivité” de circulation du virus.
Depuis ce 22 septembre, le protocole sanitaire est assoupli dans les écoles maternelles et élémentaires. Une manière pour le gouvernement de faire face aux fermetures de classes massives “dès la première alerte” avait annoncé Olivier Véran ce 17 septembre. Ce que change ce nouveau protocole :
- Lorsqu’un enfant sera testé positif au Covid-19 dans sa classe, les autres élèves de la classe pourront continuer à aller en cours, et ne seront plus considéré comme cas contacts.
- Le HCSP estime qu’il n’y a pas lieu de considérer comme contact à risque un enfant de moins de 11 ans ayant eu un contact avec un adulte testé positivement covid-19 qui porte un masque grand public de catégorie 1, ou un autre enfant de moins de 11 ans testé positivement, bien qu’il ne porte pas de masque.
- “Le protocole d’identification des personnes cas contacts, leur isolement éventuel, la fermeture possible de classes, voire d’écoles, sera toutefois appliqué lorsque qu’il y aura au moins trois cas confirmés dans la même classe (enfants ne venant pas de la même famille ou ne vivant pas dans le même foyer)” précise le ministère dans un communiqué du 20 septembre.
- Enfin, un professeur du 1er degré (pour qui le masque est obligatoire), ne sera plus considéré comme cas contact et n’aura pas besoin de s’isoler 7 jours même s’il a côtoyé un élève non masqué positif au Covid-19.
- Rappelons que le port du masque sera obligatoire pour tous les professionnels de crèche y compris en présence des enfants, même si des dérogations pourront être envisageables, notamment pour les enfants qui présenteraient des troubles du comportement, avait déclaré Olivier Véran
Ces nouvelles mesures à l’école font suite au dernier avis du Haut Conseil à la santé publique publié le 17 septembre, concernant la contagiosité des enfants. Ce qu’il faut retenir des conclusions du HCSP :
- En milieu scolaire, les enfants sont peu à risque de forme grave et peu actifs dans la transmission du Covid.
- Le risque de transmission existe surtout d’adulte à adulte et d’adulte à enfant et rarement d’enfant à enfant ou d’enfant à adulte
- Les transmissions surviennent surtout à l’intérieur du cercle familial ou lors de regroupements sociaux avec une forte densité de personnes en dehors des établissements scolaires.
Si un enfant présente des symptômes de fièvre ou de la toux avant de se rendre à l’école, il devra rester à la maison et consulter un médecin, qui décidera de lui faire passer un dépistage, s’il peut retourner en classe, ou après 7 jours.
Si l’enfant présente des symptômes à l’école, il devra alors être isolé dans une salle, et dans ce cas, le masque est recommandé à partir de 6 ans. L’établissement prévient alors les parents qui devront venir le chercher.
Si le cas est confirmé, l’école prévient alors l’agence régionale de la santé (ARS) qui dressera une liste des personnes ayant été en contact avec l’enfant ou l’adulte. Selon les situations, notamment en cas de fermeture d’école, l’enseignement à distance sera mis en place, avec “une capacité d’adaptation territoire par territoire”, précise le ministre.
Voici la procédure si des cas de Covid sont suspectés à l’école :
- Isolement de la personne : la durée d’isolement est désormais portée à 7 jours au lieu de 14 jours
- Remise de la liste des personnes contacts à l’agence régionale de santé
- Dépistage rapide et systématique des cas contacts
- Fermeture partielle ou totale de la classe ou de l’école de manière temporaire, en fonction de la situation sanitaire
- La continuité pédagogique (en présentiel ou à distance) sera assurée dans toutes les situations, pour tous les élèves
“Les mesures d’indemnisation dérogatoires en vigueur avant l’été seront donc réactivées pour que les parents concernés puissent bénéficier d’un niveau de rémunération garanti“, précise le ministère de la Santé dans un communiqué du 9 septembre. Pour en bénéficier, les deux parents doivent être dans l’impossibilité de faire du télétravail, et devront fournir un justificatif attestant que la classe ferme ou que l’enfant est un cas contact. En outre, seul un des deux parents pourra bénéficier d’une indemnisation de l’Etat. “Les parents qui sont dans l’impossibilité de télétravailler pourront bénéficier d’un revenu de remplacement dès le premier jour de leur arrêt de travail, et au plus tard jusqu’à la fin de la période d’isolement”.
En dehors de la classe, dans les espaces aérés, le port du masque se fera “selon l’appréciation locale”. Par ailleurs, le masque sera obligatoire pour les élèves et le personnel de l’éducation pendant les récréations au collège et au lycée, mais uniquement pour les personnels en primaire.
- Pour les élèves scolarisés en maternelle : le masque est à proscrire.
- Pour les élèves scolarisés à l’école élémentaire : le masque n’est pas recommandé, mais des masques sont à disposition pour ceux qui présentent des symptômes, dans l’attente de leur départ de l’école.
- Pour élèves de collège et lycée, le masque est obligatoire dans les espaces clos, même lorsqu’une distanciation d’un mètre est respectée.
- Pour les membres du personnel : le masque grand public est obligatoire en primaire, au collège et au lycée même quand la distanciation d’au moins un mètre est garantie, soit de la maternelle à la terminale.
- Le personnel de la petite enfance doit également porter un masque en présence des bébés, mais cette mesure ne concerne pas les nounous lorsqu’elles sont seules en présence des enfants.
- “Dans l’enseignement supérieur, le masque sera obligatoire pour tout le monde“ a déclaré le premier ministre Jean Castex ce 27 août.
- Des masques transparents pour les enseignants. Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées, a annoncé au JDD que tous les enseignants de maternelle et des classes qui accueillent des enfants malentendants seront prochainement équipés de masques “inclusifs”. Ces masques transparents permettront ainsi à tous les élèves de mieux comprendre les professeurs en lisant sur les lèvres. “Plus de 100 000 masques seront fabriqués d’ici à la fin du mois. Des masques transparents, réutilisables, lavables 25 fois à 60 °C, qui vont être disponibles en grand nombre dans le courant de l’automne”.
Dans l’hypothèse où la situation sanitaire exigerait des mesures plus strictes, du fait d’une circulation active du virus sur tout ou partie du territoire national, un plan de continuité pédagogique sera mis en place pour assurer l’enseignement à distance“, indiquait la circulaire de rentrée scolaire publiée le 10 juillet. Voici les différentes hypothèses :
En cas de circulation active du virus
Concrètement, si le nombre d’élèves devait de nouveau être limité dans les écoles en raison d’une circulation active et localisée du virus, nécessitant la mise en place d’un protocole sanitaire stricte, les enfants pourraient (selon les situations et comme pendant le confinement) suivre les cours à distance avec Ma Classe à la maison ou le Cned, et être pris en charge en participant au dispositif 2S2C (sport, santé, culture, civisme). Les autres locaux des écoles, collèges et lycées devront notamment être mobilisés afin d’accueillir les élèves dans de meilleures conditions. Dans cette situation “tous les élèves doivent avoir accès à des cours en présentiel chaque semaine“ précise le ministère, mais des groupes pourraient aussi alterner à la journée ou à la demi-journée. En revanche, “les élèves scolarisés en CP et CE1 dédoublés en éducation prioritaire devront impérativement être scolarisés à temps plein“.
En cas de circulation très active du virus nécessitant la fermeture des écoles
Le ministère de l’Education anticipe l’hypothèse selon laquelle des établissements scolaires nécessiteraient d’être fermés, au niveau local. Les enseignants pourront alors s’appuyer sur les cours des professeurs diffusés sur la Maison Lumni et suivre les cours à distance. En outre, les élèves en situation de “déconnexion numérique” devront être identifiés en amont