L’Union européenne (UE) prévoit de poursuivre Amazon pour concurrence déloyale au travers de l’exploitation des données commerciales des vendeurs tiers présents sur son site, rapporte le Wall Street Journal (WSJ). Ces accusations pourraient être officiellement déposées dès la semaine prochaine. La Commission européenne, le principal organisme communautaire de réglementation anti-trust, a peaufiné ses chefs d’accusation et étoffé son dossier.
Juge et partie, une concurrence déloyale
La formulation de ces accusations, appelées officiellement une « déclaration d’opposition », constituerait la dernière étape au terme d’une enquête de près de deux ans. Le coeur du problème réside dans le double rôle de la plate-forme : c’est à la fois le support pour tous les vendeurs et un vendeur comme les autres. En clair, Amazon fixe les conditions selon lesquelles les entreprises utilisent sa plate-forme et dans le même temps vend aussi les produits de sa propre marque. Loin d’être neutre, la société est juge et partie.
Mais la Commission va plus loin. Dans les documents amassés contre le géant américain, l’UE l’accuse de récupérer les données de vendeurs tiers et de les utiliser pour rivaliser avec eux -par exemple, en lançant des produits similaires à des prix plus abordables. Un moyen imparable de casser la concurrence.
Évidemment, Amazon dément
Selon le WSJ, Amazon a refusé de commenter. La société de Jeff Bezos a déjà contesté les accusations de ce type. Au sujet des vendeurs tiers, Amazon a insisté sur le fait qu’ils vendaient généralement leur propre marque sur la plate-forme.
Une enquête du WSJ, publiée en avril, a pourtant révélé que les employés du géant utilisaient parfois les données d’autres vendeurs pour développer des produits concurrents. Selon d’anciens travailleurs, l’entreprise a parfois demandé à un analyste commercial Amazon de créer des rapports contenant des informations confidentielles dérivées exclusivement ou presque entièrement d’un vendeur tiers. À la suite de ces révélations, Amazon avait lancé une enquête interne, et avait déclaré que tout employé utilisant ces données pour éclairer les décisions commerciales stratégiques pour la marque violerait ses politiques.
Une amende jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires
C’est précisément ce que cible l’enquête et bientôt l’accusation officielle de l’UE. La démarche européenne pour savoir si oui ou non Amazon a enfreint les lois de la concurrence devrait prendre encore une année supplémentaire. S’il est établi que l’entreprise a violé la législation anti-trust de l’UE, la Commission pourra infliger à Amazon une amende qui pourrait s’élever jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires annuel et l’obliger à adapter certaines de ses pratiques commerciales. Amazon pourra contester la décision devant un tribunal européen.
Source : Wall Street Journal