L’année dernière, nous reprochions à Realme de ne sortir que trop peu de smartphones en Europe. Un an plus tard, la marque chinoise semble nous avoir un peu trop écouté. Le dernier né du groupe BBK Electronics (qui possède aussi Oppo, Vivo et OnePlus) multiplie les références et inonde le marché au risque de déboussoler les consommateurs. Il est en effet difficile de se retrouver dans la gamme de smartphones Realme, vu le nombre d’appareils lancés ces derniers mois. Realme 6, 6 Pro, 6s, 6i, 5, 5 Pro, 5i, C2, X2, X50… Bonne chance pour comprendre quoi que ce soit si vous êtes novice en la matière, d’autant plus que les écarts de prix entre ces appareils relèvent souvent de la vingtaine d’euros.
Peu importe, un smartphone se distingue allègrement dans cette grande famille : le Realme X50 Pro 5G. Annoncé en Chine il y a plusieurs mois, cet appareil ambitionne le titre de « smartphone haut de gamme le moins cher du marché ». Commercialisé à partir de 599 euros (la version que nous avons testée, la plus chère, coûte 749 euros), le Realme X50 Pro a tout pour vous donner envie de sortir votre porte-monnaie.
Un smartphone épais mais réussi
Pour la seconde fois, Realme s’attaque donc à la catégorie des « flagship killers ». Délaissée par OnePlus qui s’intéresse désormais à l’ultra haut de gamme, cette section toute particulière du marché propose des appareils premium à un tarif bas. Les constructeurs réalisent généralement quelques concessions sur le design pour parvenir à casser les prix, en éliminant par exemple l’étanchéité. Le Realme X50 Pro 5G n’est donc pas certifié IP68 et prend le risque de déplaire par une épaisseur supérieure à celle de la plupart de ses concurrents (9,9 mm, ce qui en fait l’un des dix smartphones les plus épais de ces trois dernières années). En main, c’est gênant au début mais on finit par s’y habituer. Le Realme X50 Pro n’est pas aussi fin que nous l’aurions espéré, mais ce n’est pas vraiment un gros défaut. Les courbures de son dos épousent même parfaitement celles de la paume de votre main, ce qui est assez plaisant.
Passé ces détails, le reste du design du Realme X50 Pro 5G n’a pas grand-chose à envier aux appareils concurrents. Son écran OLED de 6,44 pouces n’a que très peu de bordures, profite d’une forte luminosité maximale (748 cd/m2 selon les mesures de notre laboratoire), dispose d’un taux de rafraîchissement de 90 Hz et utilise intelligemment un double-poinçon pour dissimuler ses deux caméras frontales. Bien sûr, Realme fait l’impasse sur la courbure de la dalle… mais est-ce vraiment un défaut ?
Au niveau de la fidélité des couleurs, Realme aurait pu mieux faire. Par défaut, c’est vraiment très moyen comme le confirme notre laboratoire avec un Delta E mesuré de 4,73 (plus cette valeur s’éloigne de zéro, moins les couleurs sont justes). En optant dans les réglages d’affichage pour le mode « doux », on obtient un Delta E à peine plus satisfaisant de 3,93. On est loin de l’excellence d’un iPhone ou d’un Galaxy.
Des selfies ultra grand-angle
En 2018, Google s’était essayé aux selfies ultra grand-angle. Le Pixel 3 arborait deux caméras frontales, ce qui lui permettait de prendre des selfies de groupe avec beaucoup plus de participants que n’importe quel autre smartphone. Cette idée avait été abandonnée l’année suivante, avec le Pixel 4, à notre grand désespoir.
À l’heure de la distanciation sociale, Realme fait le pari de laisser une autre chance aux selfies ultra grand-angle. Le X50 Pro 5G arbore deux appareils photo frontaux (capteur principal de 8 Mpix, capteur ultra grand-angle de 32 Mpix). Voyez le résultat, on gagne vraiment en espace. Prenez néanmoins en compte un point important : l’ultra grand-angle est de moins bonne qualité. Pour les photos qui vous tiennent à coeur, mieux vaut peut-être l’éviter.
Un smartphone de compétition
Équipé du processeur Snapdragon 865, le Realme X50 Pro 5G est un monstre de puissance. Cette puce, qui est la plus puissante du marché pour un smartphone Android, anime aussi d’autres appareils vedettes comme le Xiaomi Mi 10 Pro ou le OnePlus 8 Pro. Pour un prix inférieur à 600 euros, Realme frappe fort. Le smartphone est aussi compatible Wi-Fi 6, 5G, supporte deux Nano SIM, dispose de 8 ou 12 Go de RAM et embarque même des haut-parleurs stéréo. Ses caractéristiques sont vraiment superbes. On a même droit à un système de retours haptiques.
Côté logiciel, la surcouche Realme UI (qui est un fork du ColorOS d’Oppo) est agréable sans être parfaite. On lui reproche notamment quelques (rares) erreurs de traductions (des « é » à la place des « er » par exemple) ou quelques sous-menus trop compliqués dans les réglages comme « Services intelligents » ou « Outils pratiques ». La présence de quelques logiciels préinstallés, comme Opéra, étonne aussi à la première configuration. Pour le reste, il n’y a pas grand-chose à lui reprocher, Realme UI fait le boulot.
35 minutes pour se recharger
L’autre force du Realme X50 Pro 5G, c’est sa technologie SuperDart… qui est en réalité le SuperVOOC 2.0 d’Oppo. Grâce à son chargeur de 65W, le smartphone se recharge intégralement en un temps record de 35 minutes. 11 minutes suffisent même à récupérer 50%, ce qui est un vrai luxe. Autre avantage, pour prolonger la durée de vie de son smartphone, Realme a opté pour deux batteries. Cela permet de rester en basse tension pendant tout le temps de la recharge, en divisant la puissance émise en deux.
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Malheureusement, il n’y a pas de recharge sans-fil sur ce Realme X50 Pro 5G. À un tel prix, ce n’est pas vraiment étonnant.
Une bonne autonomie… mais des ruses peu correctes
D’une capacité totale de 4200 mAh, les deux batteries du Realme X50 Pro lui permettent de largement dépasser la journée d’utilisation même si le taux de rafraîchissement de 90 Hz de l’écran est activé. En revanche, nous devons nous avouer très surpris par une étrange pratique de Realme. Lors de chacun de nos tests en laboratoire, le smartphone s’est éteint lorsqu’il lui restait 5 ou 6% de batterie. Bug ? Comportement volontaire ? On peut imaginer que le smartphone gonfle volontairement son pourcentage de batterie pour vous rassurer… ce qui n’est pas très correct.
Tout ceci est d’autant plus étrange que, selon nos mesures, le Realme X50 Pro dispose d’une très bonne autonomie. L’appareil a résisté 15h41 à notre test d’autonomie polyvalente et 23h17 en communication. En revanche, et cela relève sûrement d’un problème d’optimisation logicielle, l’appareil n’a pas particulièrement brillé en streaming vidéo. Au bout de 10h23 de lecture, il s’éteint. On imagine qu’une mise à jour logicielle pourra améliorer tout cela.
Un capteur d’empreintes un peu bas
Pour déverrouiller son Realme X50 Pro, on a deux options. On peut soit utiliser un système de reconnaissance faciale ultra-rapide (mais pas ultra-fiable, nous avons réussi à le faire fonctionner avec un masque à plusieurs reprises), soit le capteur d’empreintes digitales caché sous l’écran. La deuxième option est la plus sécurisée des deux mais, c’est assez rare pour le souligner, son emplacement n’est pas très pratique. Très bas, ce capteur ne plaira qu’aux personnes au pouce souple. En fonction de la manière dont vous tenez votre smartphone, ce dispositif est même occasionnellement inaccessible. On se demande comment les ingénieurs de Realme ne se sont pas aperçus de ce défaut.
Un bon appareil photo
Le Realme X50 Pro 5G se montre d’une bonne polyvalence en photo. Son module caméra contient un objectif principal avec capteur Samsung de 64 Mpix, un téléobjectif avec zoom optique x2 rattaché à un capteur de 12 Mpix et un ultra grand-angle rattaché à un capteur de 8 Mpix. On trouve aussi un capteur dédié à l’embellissement du mode portrait mais, soyons honnêtes, celui-ci ne doit pas servir à grand-chose… Il s’agit surtout pour Realme de pouvoir revendiquer un « quadruple module caméra » sur la fiche technique du smartphone.
De jour, l’appareil photo du smartphone s’en sort plutôt bien… à condition de ne pas trop zoomer. On remarque des effets de lissage et des zones qui manquent de netteté en arrière-plan. De nuit, ce phénomène est amplifié. Les photos sont souvent floues et manquent de luminosité… Ces défauts ont déjà été relevés sur de précédents appareils Realme, ce qui nous laisse penser qu’il s’agit d’un problème récurrent avec les smartphones de la marque.
Avec l’ultra grand-angle et le téléobjectif, le constat est similaire. Le résultat est correct le jour, beaucoup plus décevant la nuit. Ce n’est pour le coup pas une surprise, l’ouverture de ces modules caméra est plus petite et laisse passer moins de lumière.
En photo, le Realme X50 Pro 5G est donc bon… sans plus. Pas de quoi s’affoler, pas de quoi faire de longs shootings photo non plus.