Comparer le vélo électrique au scooter électrique, est-ce bien raisonnable ? La variété des modèles de l’un ou de l’autre et la diversité des pratiques pourraient rendre cette question incongrue. Et pourtant, lorsqu’on envisage de laisser sa voiture au garage ou d’éviter les transports en commun, les deux solutions doivent être considérées. Le vélo ou le scooter électrique peuvent non seulement remplacer les moyens de transport classique mais ils ont aussi des avantages. Ils permettent, au choix, de gagner du temps, d’éviter les foules, de reprendre une activité physique, ou tout à la fois. Dès lors, la question du choix de l’un ou de l’autre se pose et les arguments pour les départager sont nombreux. Du prix, à la vitesse en passant par les coûts annexes ou encore leur capacité à circuler en ville, nous avons passé en revue l’ensemble de ces critères pour vous aider à y voir plus clair.
Pour les besoins de ce comparatif, nous avons choisi de limiter le type de scooters électriques aux équivalents 50 cm3 et les vélos à des VAE classiques dont l’assistance est limitée à (25 km/h). Une réflexion plus large pourrait inclure les speedbike ou les plus grosses cylindrées, mais il convient de commencer par l’essentiel : scooter ou vélo ?
Le prix : combien faut-il payer son scooter électrique ou son VAE ?
Que l’on parle de scooter ou de vélos électriques, il est toujours question d’un marché de la mobilité en pleine structuration, qui voit arriver régulièrement de nouveaux acteurs et de nouveaux engins. De la même façon, l’échelle de prix pour un VAE ou un scooter peut varier de quelques centaines à plusieurs milliers d’euros. Pour les besoins de ce comparatif, nous avons choisi de déterminer un prix moyen. En effet, nous estimons qu’un bon vélo électrique coûte environ 2500 euros et qu’il est possible de trouver un scooter électrique de bonne facture au même tarif.
À titre d’exemple, 2 500 euros, c’est à peu près le prix du dernier scooter que nous avons testé, le NIU M+ Sport, et c’est également un tarif qui permet de s’offrir trois des cinq vélos que nous avons sélectionné dans notre top 5 des vélos électriques. S’il est facile d’aller au-delà de ce niveau de prix, nous vous déconseillons d’opter pour des modèles beaucoup moins chers, et probablement moins fiables, surtout s’il s’agit de prendre la route quotidiennement sur un trajet de « vélotaf ».
Lire : notre guide d’achat pour bien choisir son vélo électrique
Coût annuel : quel est le moins cher sur la durée ?
Le prix est évidemment l’un des principaux critères pour différencier le vélo du scooter électrique. Mais il n’est pas le seul facteur à évaluer. Au prix d’achat, il faut ajouter les frais annexes comme l’assurance, l’entretien ou encore la nécessité d’investir dans du matériel obligatoire. Car si le prix d’achat constitue la plus grande part de l’investissement de départ, les frais annexes ne sont pas anodins, notamment dans le cas du scooter. Un exemple avec notre simulation :
Pour le VAE :
- Un (bon) antivol : environ 40 euros
- Un casque : environ 60 euros
Soit un total de 100 euros d’équipement indispensable à prévoir.
Pour le scooter électrique :
- Un antivol homologué SRA (condition requise dans de nombreux contrats d’assurance) : 70 euros
- Un casque moto : environ 200 euros
- L’assurance annuelle : dépendant de la cylindrée et des conditions de stationnement (300 euros en moyenne)
- Des gants : environ 50 euros
Soit un total de 620 euros d’équipements indispensables à prévoir.
Ces estimations n’ont pas de caractère scientifique et peuvent évidemment varier selon la situation de chaque utilisateur ou la qualité du matériel. Néanmoins, elles permettent de constater qu’il y a un important écart de tarif entre les deux modes de transport. Enfin, à ces frais fixes, il faut ajouter des dépenses plus ponctuelles liés aux aléas (crevaison) ou à l’entretien et autres révisions annuels de son deux-roues. Là aussi les estimations varient d’un utilisateur à l’autre, mais elles sont de manière générale avantageuses pour les possesseurs de vélo.
Résultat : sur l’aspect du coût annuel, le verdict est sans appel, le VAE étant bien plus économique que le scooter électrique.
Quel est le plus rapide ?
Laisser sa voiture au garage au bénéfice d’un vélo ou d’un scooter ne peut se faire qu’à une condition : une garantie de vitesse permettant d’envisager un trajet domicile/travail en un temps acceptable.
Sur le strict critère de la vitesse de déplacement, il suffit de se référer à la loi pour départager nos deux prétendants. Un scooter (équivalent 50 cm3) est limité à 45 km/h. Quant au vélo à assistance électrique, son moteur s’interrompt à 25 km/h, obligeant le cycliste à pédaler s’il veut dépasser cette limite.
Résultat : le scooter électrique gagne cette manche mais c’est une victoire relative. En effet si sa vitesse théorique est de 45 km/h, les occasions d’atteindre ce pic sont très variables selon le parcours. En milieu urbain, avec une forte densité de trafic, cette vitesse élevé relève de l’utopie.
Quel est le plus pratique pour rouler ?
La vitesse ne fait pas tout. En milieu urbain, la maniabilité, l’accélération et de manière générale la capacité à se dégager rapidement d’un carrefour sont des critères importants pour évaluer lequel des deux engins est le plus à l’aise en ville.
En réalité l’avantage de l’un ou de l’autre dépendra du parcours que vous effectuerez. Le scooter aura le plus souvent l’avantage sur l’accélération et la vitesse de pointe, à condition que le trajet permette au scooter électrique de s’exprimer pleinement. Trois à quatre fois plus léger, le VAE est par essence plus maniable et permet davantage de se faufiler entre les voitures. S’il ne peut rivaliser en terme de vitesse pure, il a l’avantage de pouvoir circuler sur les pistes cyclables et les voies de bus, ce qui lui permet généralement de combler l’écart avec son concurrent. Si celles-ci ne sont pas suffisamment nombreuses, leur nombre tend à s’accroître à mesure que les autorités prennent conscience de l’intérêt de mettre en place une bonne infrastructure pour les cyclistes. En conséquence, même si en théorie, le scooter électrique peut aller presque deux vois plus vite que le vélo, dans les faits cet écart ne se vérifie pas en milieu urbain. Au contraire, sur un trajet d’environ 10 km, la différence généralement constatée est de 5 mn environ.
En revanche, le scooter s’avère nettement plus confortable à l’utilisation. D’une part parce qu’il offre une surface plus grande et plus agréable pour s’installer qu’une selle un peu rêche, mais aussi parce que ses roues plus larges absorbent davantage les chocs. Enfin il est presque toujours équipé d’un système d’amortissement, ce qui n’est pas nécessairement le cas sur les vélos, notamment ceux qui privilégient la vitesse.
Résultat : Il est possible de préférer le scooter sur certains trajets très roulants ou lorsque la circulation se fait moins importante, mais par sa polyvalence et par sa capacité à emprunter des voies réservées, le vélo dispose d’un avantage indéniable en ville. Ce qui pourrait faire pencher la balance dans l’un ou l’autre sens, c’est non seulement le type de trajet mais aussi sa durée.
La durée du trajet : la variable d’ajustement
Désormais que les qualités sur route des deux prétendants sont connues, il convient de se demander si le type de parcours et sa longueur ont un impact sur le choix de l’un ou de l’autre. Il semblerait en effet, que le nombre de kilomètres à parcourir soit aussi important que les conditions dans lesquelles le trajet sera effectué.
En effet, les avantages du scooter (vitesse de pointe et accélération) se révèlent de plus en plus utiles à mesure que la distance s’allonge. Sur des trajets urbains très courts, le scooter électrique aura bien plus de mal à faire valoir sa vitesse et sera tout autant pénalisé par son poids et ses restrictions de circulation ou de parking. À l’inverse, plus le trajet est court, plus le VAE fera gagner un temps précieux.
- Pour un trajet de moins de 5 km : Sur ce genre de trajets courts, surtout en milieu urbain, un VAE sera toujours plus rapide que le scooter volté. Surtout, une fois arrivé à destination, vous ne perdrez pas de temps à trouver une place de stationnement.
- Pour un trajet entre 5 et 15 km : C’est sur ce genre de trajets que la question du choix est la plus pertinente. En l’occurence, tout dépendra du profil du trajet. Plus il comprend de portions rapides ou roulantes, plus le scooter sera à l’aide. À l’inverse, plus il y a de couloirs de bus et de pistes cyclables sur votre trajet, plus l’écart se réduira en faveur du vélo à assistance électrique.
- Pour un trajet supérieur à 15 km : Sur les trajets les plus longs, les scooters électriques ont davantage de possibilités de faire valoir leurs qualités. Néanmoins, le VAE ne doit pas être exclu de la discussion. Il peut correspondre à des profils d’utilisateurs plus sportifs par exemple ou simplement palier à un manque d’interconnexions des transports en commun. Enfin, à titre d’exemple, lorsque nous testons des vélos, notre parcours type en utilisation quotidienne est de 20 km que nous effectuons en 55 mn environ.
Résultat : impossible de déterminer un vainqueur net sur ce point. La principale variable d’ajustement de ce comparatif doit être déterminée au cas par cas, selon le type de parcours et le profil de chaque utilisateur. Gardez simplement en tête que plus un trajet s’allonge, plus le scooter électrique marque des points et inversement.
Quel est le plus pratique pour se garer ?
Tout le monde ne possédant pas un garage chez soi ou un local à vélo au travail, la problématique du stationnement de son bolide doit être considérée dès l’achat. En la matière, le vélo électrique dispose d’un avantage indéniable puisqu’il peut être garé presque partout à partir du moment où il ne nuit ni à la circulation, ni au mobilier urbain. Au contraire, le scooter électrique doit être garé sur des emplacements spécifiques. Le non respect de cette obligation expose son propriétaire à une contravention.
Résultat : le vélo gagne sans difficulté le match du stationnement.
Autonomie : pas seulement une question de batteries
Comme pour tous les types de véhicules électriques, l’autonomie annoncée est une donnée théorique. Elle dépend de facteurs aussi divers que le poids du pilote, la type de parcours, la température extérieure ou encore la pression des pneus.
Pour autant, il est possible de définir une moyenne qui pour un scooter électrique de milieu de gamme serait d’environ 65 km. C’est, par exemple, la distance que nous avons réussi à parcourir lors de notre test du NIU M+ Sport qui incarne bien le segment. Certains modèles de scooter disposent en outre d’un second emplacement pour une batterie additionnelle permettant ainsi d’augmenter considérablement leur autonomie. Sur un vélo à assistance électrique à prix équivalent, l’autonomie est bien plus élevée et varie entre 80 et 100 km selon le type de batterie et son intégration.
Bien évidemment, dans les deux cas de figure, il est possible de prolonger cette valeur moyenne en adaptant sa conduite ou en optant pour un mode d’assistance plus léger (les fameux modes « éco »). En revanche, là où les deux solutions diffèrent, c’est lorsque la batterie vient à manquer. En effet, lorsque le seuil d’énergie disponible atteint les 10%, certains modèles de scooters, comme ceux de NIU, passent automatiquement en mode « Eco » réduisant ainsi leurs performances. Enfin, en cas de panne de batterie, il n’y a pas d’autre moyen que de pousser son scooter à la force de ses bras. Sur ce point, le vélo aura toujours un avantage. D’une part parce qu’à tout moment son utilisateur peut choisir d’épargner sa batterie en utilisant ses jambes, et d’autre part parce qu’en cas de panne, il est toujours possible de pédaler jusqu’à la maison.
Résultat : le match de l’autonomie bascule assez logiquement en faveur du VAE qui disposent non seulement de plus grandes réserves mais aussi d’une alternative en cas de panne.
Risque de vol : le poids plus dissuasif que l’antivol ?
Que vous choisissiez un vélo électrique ou un scooter, le risque de vol existe. Dans les deux cas, il faudra investir dans un antivol. Pour le vélo, il est même conseillé d’en prendre deux, afin de dissuader un éventuel voleur. Statistiquement, avec environ 500 000 vols de vélos déclarés chaque année (chiffres de 2017), le vélo est nettement plus exposé que le scooter. Pour autant, une majorité de ces méfaits a pour cause l’utilisation d’un antivol de piètre qualité, le fait de ne pas avoir attaché son vélo à un point fixe ou encore le fait de ne pas attacher son vélo correctement (uniquement sur la roue avant par exemple).
Plus lourd et plus difficile à déplacer, le scooter électrique est moins exposé. Surtout, certains modèles, à l’image de NIU, disposent d’un système de géolocalisation qui permet de les retrouver relativement facilement. S’il n’est pas possible de rendre le vélo aussi difficile à voler qu’un scooter, il existe certains moyens de dissuader les personnes mal intentionnées. Le marquage d’un vélo (qui sera bientôt obligatoire dans le cadre de la vente de vélos neufs), est sinon un antivol supplémentaire une garantie de récupérer son vélo s’il est un jour retrouvé par la police.
Certains vélos connectés, comme Cowboy ou Van Moof disposent également d’une puce GPS dans leur cadre qui permet de les géolocaliser via l’application. Enfin, certains constructeurs comme Haibike proposent de « pucer » son vélo et là aussi de le rendre détectable sur un carte.
Résultat : avantage au scooter électrique sur le risque de vol. Le VAE sera forcément plus vulnérable et il vous en coûtera si vous souhaitez dissuader les voleurs.
Aides à l’achat : lequel permet de faire les meilleures affaires ?
Scooter comme vélo électrique bénéficient d’un coup de pouce à l’achat. Ce fameux bonus écologique est similaire quelque soit le mode de transport choisi mais son accès a été restreint depuis le 1er février 2018. Désormais, il est limité au ménages non imposables et à un montant maximal de 200 euros. Il est valable pour tout type de vélo électrique et pour les scooters disposant d’une puissance moteur inférieure à 3000 W. Ce bonus étant finalement très restreint, il sera souvent plus judicieux de se tourner vers sa ville ou sa région. Ainsi, en Ile-de-France ou à Lyon, une aide spécifique permet d’obtenir jusqu’à 500 euros d’aide pour un VAE. De la même manière, la mairie de Paris peut aider un acquéreur d’un scooter électrique à hauteur de 400 euros s’il en fait la demande.
Enfin, les scooters électriques de plus de 3 000 W sont éligibles à un dispositif particulier pouvant aller jusqu’à 900 euros, mais ces modèles sont généralement bien plus chers que ceux évoqués dans notre comparatif.
Résultat : La nature des aides et leurs conditions d’obtentions sont relativement similaires. Le VAE bénéficie actuellement d’un engouement certain qui voit de plus en plus de municipalités encourager les achats de leurs habitants, mais le scooter électrique n’est pas en reste et peut parfois prétendre à une aide équivalente.
Règles et obligations : un rapide rappel
L’utilisation d’un vélo électrique n’engage pas son propriétaire à autre chose qu’un strict respect du code de la route. Le casque, bien que conseillé, n’est pas obligatoire (sauf pour les moins de 12 ans) et il est simplement nécessaire d’avoir un vélo en règle (moteur de 250W maximum, assistance limitée à 25 km/h).
À l’opposé, le scooter électrique équivalent à 50 cm3 est considéré comme un cyclomoteur et oblige son propriétaire à :
- Disposer d’un BSR ou permis AM.
- Avoir une carte grise et une plaque d’immatriculation.
- Porter un casque homologué.
- Avoir assuré son véhicule.
Verdict :
Au final, le choix entre le vélo ou le scooter électrique dépendra surtout de vos besoins. Selon votre budget, les conditions de parking mais surtout le type de parcours que vous serez amené à effectuer, le premier pourrait bien être plus avantageux que le second et inversement. Le VAE sera toujours plus polyvalent, moins contraignant à manipuler et à garer mais aussi moins rapide t moins confortable qu’un scooter. Cette différence de vitesse de pointe a surtout un impact sur les trajets supérieurs à 15km, mais pour un parcours plus classiques, les deux moyens de locomotion ont des arguments à faire valoir.
En définitive, si les deux solutions permettent de laisser sa voiture au garage et d’éviter les transports en commun, le vélo électrique garde selon nous un atout inégalable : celui de la santé. En effet, en encourageant l’exercice physique et en laissant son pilote régler précisément le niveau d’assistance, le VAE rend un service bien plus précieux à son propriétaire que quelques minutes grillées sur une ligne droite.