Cunnilingus : c’est quoi ? Quels risques ?



Pratique sexuelle dédiée à la stimulation de la vulve, le cunnilingus a déjà été expérimenté par 90% des femmes, et pas seulement en guise de préliminaires. Il peut néanmoins être vecteur de maladies… Conseils.

Le cunnilingus ou plutôt « cunnilinctus » de son nom officiel vient du latin « cunnus » qui veut dire « con » en français (le « con » désignant la vulve) et de « linctus » qui veut dire « lécher« . On l’appelle aussi « baiser vulvaire » ou « baiser clitoridien ». « Quand c’est un homme qui offre ce baiser, 42 % des femmes obtiennent un orgasme, quand c’est une femme qui donne ce baiser à une autre femme, l’orgasme surviendrait dans une proportion voisine de 95 % : une femme sait mieux qu’un homme ce qui est bon pour elle. Par conséquent, il est indispensable que l’homme améliore sa connaissance de la femme » rappelle le Dr Gérard Leleu, médecin sexologue dans son livre A vous le 7e ciel.

Le cunnilingus est pourvoyeur d’orgasmes intenses chez la femme. La sexualité féminine s’étant libérée de nombreux tabous avec le temps, elle offre aujourd’hui une place de choix à cette pratique sexuelle devenue bien plus qu’un simple préliminaire utile à la lubrification puis à la pénétration. Dans un sondage publié par l’Ifop en 2019, 90% des femmes interrogées ont confirmé avoir déjà reçu un cunnilingus au cours de leur vie dont 40% « souvent ». Mais avec l’augmentation du nombre de partenaires au cours de la vie sexuelle, les risques sont plus fréquents (que ce soit pour la personne qui reçoit le cunnilingus ou qui le fait), surtout quand il n’y a pas de protection (digue dentaire).

« Sans digue dentaire, le cunnilingus peut transmettre des infections sexuelles comme le gonocoque et la chlamydia, par les liquides, les leucorrhées (pertes blanches)« , explique le Dr Andreea Matefi, gynécologue et thérapeute de couple. La gonococcie est le nom de la maladie sexuellement transmissible due au microbe gonocoque Neisseria gonorrhoeae. Chez la femme, l’infection peut se traduire par des démangeaisons génitales, des pertes inhabituelles, des douleurs lors des rappels sexuels et des brûlures en urinant. Chez l’homme, elle se manifeste par une urétrite. Cette pathologie se soigne par la prise d’antibiotiques. Les chlamydioses sont, elles, dues à des bactéries appelées Chlamydia trachomatis. Elles touchent autant les hommes (qui développent aussi une urétrite) que les femmes. Le problème c’est que très souvent, la chlamydiose n’entraîne pas de symptôme. On peut ainsi la transmettre sans le savoir. Or, non soignée, elle peut entraîner une salpingite chez la femme qui peut être à l’origine d’une stérilité ou d’une grossesse extra-utérine. D’où l’importance de se faire dépister régulièrement si on change souvent de partenaires sexuels. 

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Le cunnilingus expose au risque d’herpès génital si celui qui le prodigue a de l’herpès (un bouton de fièvre par exemple). « C’est une transmission de liquide à liquide, le virus rentre dans les cellules de la femme par ses sécrétions et peut après entraîner des poussées d’herpès » explique le Dr Matefi. La transmission peut se faire 15 jours avant l’apparition du bouton de fièvre « car le virus de l’herpès est déjà dans la salive » . Heureusement cependant, le risque n’est pas systématique : « Le système immunitaire de la femme va se battre donc elle ne va pas forcément développer un herpès génital à chaque fois qu’un homme qui a un herpès buccal va lui faire un cunnilingus, rassure notre interlocutrice. Par contre si elle n’a pas d’anticorps, que son système immunitaire est un peu défaillant, qu’elle est fatiguée ou qu’elle a ses règles, là potentiellement il y a plus de risque de transmission. Mais dans tous les cas, elle ne peut pas le savoir à l’avance. »

Hépatites B et C peuvent s’attraper lors d’un cunnilingus. Comment ? S’il y a des lésions dans la bouche de celui qui donne le cunnilingus (comme en cas de gingivite) ou au niveau du sexe de la femme. Pour que le virus des hépatites en question se transmette, il faut qu’il y ait un contact de sang à sang. Pour l’hépatite B, le risque reste « très faible sauf si le cunnilingus est pratiqué pendant les règles » précise le site Hepatites-info-service. Il existe par ailleurs un vaccin contre l’hépatite B, remboursé par la Sécurité sociale. Après la contamination du virus de l’hépatite C (VHC), il n’y a souvent aucun symptôme et certaines personnes éliminent l’infection spontanément ce qui ne les empêche pas de pouvoir être réinfectées. Contrairement à l’hépatite B, le VHC devient chronique dans 80% des cas. 

Le virus du VIH, responsable du Sida, peut se transmettre lors d’un cunnilingus non protégé s’il y a des lésions permettant au virus de pénétrer dans le sang de la personne non infectée. Par exemple « s’il y a des grosses gingivites (saignements au niveau des gencives), des saignements après le rasage, des menstruations » détaille le Dr Matefi. Il faut qu’il y ait un contact entre le sang des deux protagonistes. La salive ne transmet pas le VIH donc s’il n’y a pas de lésion, il n’y a pas de risque de transmission, « c’est avéré ».

L’infection à papillomavirus humain (HPV) est l’infection sexuellement transmissible (IST) la plus fréquente. Ce virus peut se transmettre par la peau et les muqueuses orales et génitales donc lors d’un cunnilingus (mais aussi lors d’une fellation et d’une pénétration vaginale ou anale). Selon la gynécologue« tout le monde en a eu au moins un, une fois dans sa vie, qu’il s’en rende compte ou pas ». Il existe effectivement entre 200 et 250 sortes d’HPV. Le risque survient quand on est contaminé par un HPV dit « à risque » car associé à la survenue de cancers du col de l’utérus et de cancers ORL (gorge…). L’état du système immunitaire est important au moment de la transmission : « Certains systèmes immunitaires vont éliminer le virus. D’autres ne vont pas l’empêcher de se développer (10% des cas). C’est assez long, le virus ne flambe pas comme ça. Si on a un partenaire à un temps 0, il est possible que le HPV ne se déclenche que deux à trois ans plus tard » poursuit-elle. D’où l’importance, pour les femmes, d’être suivies régulièrement par un gynécologue. D’autant que les hommes ne sont jamais dépistés. « Ils ne viennent pas en consultation, on ne leur dit pas non plus d’aller voir un dermatologue pour savoir s’il y a des zones infectées au niveau de leur gland. C’est un tabou en France. Parler de sexualité à un homme c’est compliqué, remarque la gynécologue. La femme porte donc la charge parce qu’une fois qu’elle est dépistée, si elle a un partenaire régulier ou auquel elle tient, elle va l’orienter vers un dermatologue qui va le dépister. » 

Faut-il éviter le cunnilingus après un test positif au papillomavirus ? « S’il n’y a pas de condylomes (verrues génitales) à l’extérieur au niveau de la vulve, il y a moins de risque de transmission du virus s’il y a seulement un cunnilingus (et pas de pénétration, de fellation…) »  répond la gynécologue. Il ne faut pas hésiter à en discuter avec le médecin traitant ou la gynécologue.

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La syphilis est une maladie infectieuse due à une bactérie appelée Treponema pallidum ou « tréponème pâle ». Elle se transmet lors de rapports non protégés : vaginaux, anaux et bucco-génitaux (fellation et cunnilingus). Comment ? Par contact avec les chancres présents sur la vulve, même s’il n’y a pas de lésions. Les chancres ressemblent à des lésions rondes uniques, de couleur rosée, dure, mais non douloureuse au niveau des organes génitaux externes, sur le gland chez l’homme ou la vulve, le vagin ou le col chez la femme. S’il y a des chancres, il ne faut pas faire de cunnilingus, au risque sinon d’être contaminé.

Oui. « Il y a des risques supplémentaires de pratiquer un cunnilingus pendant les menstruations, répond la gynécologue, par rapport à la transmission du virus du Sida (ou de celui de l’hépatite B ou C). Par contre, si c’est un partenaire stable, connu, avec des sérologies négatives, là, il n’y a pas de risque. »

Vous avez échangé un cunnilingus avec un(e) partenaire de passage ? Ou avec plusieurs partenaires ? Sans digue dentaire… Dans le doute d’une éventuelle contamination (avec les risques évoqués ci-dessus), il faut se faire dépister. Pour prévenir d’éventuelles complications chez vous et de nouvelles transmissions à vos futur(e)s partenaires.

Pour les sérologies des IST (chlamydia, gonocoque, hépatite B, C, VIH, syphilis…) : il faut attendre au moins 6 semaines après le rapport. Sauf en cas de signes cliniques (comme la survenue de chancres…). Dans ce cas, consulter dès leur survenue.

En cas de sexualité variée, de partenaires multiples : faire un dépistage une à deux fois par an. « Pour le HPV, il faut se faire dépister tous les ans s’il y a un changement de partenaire et pas forcément de protection », recommande le Dr Matefi. La Haute Autorité de Santé (HAS) recommande aux femmes de se faire dépister tous les 3 ans mais comme le souligne la gynécologue, cette recommandation ne tient pas compte de la sexualité de chacun : partenaires multiples, reprise d’une activité sexuelle…

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Les modalités de dépistage du HPV ont changé en juillet 2020
  • Pour les femmes entre 25 et 29 ans : le test de dépistage est réalisé par examen cytologique (frottis analysant la morphologie des cellules) tous les 3 ans, après deux premiers tests réalisés à 1 an d’intervalle et dont les résultats sont normaux.
  • Pour les femmes de 30 ans à 65 ans : la HAS recommande désormais que le test HPV (frottis cherchant la présence d’ADN du virus HPV à haut risque) remplace l’examen cytologique. Le test HPV est réalisé 3 ans après le dernier examen cytologique dont le résultat est normal. Un nouveau test est refait tous les 5 ans, jusqu’à l’âge de 65 ans, dès lors que le résultat du test est négatif. Ce test HPV est remboursé à 70% par l’assurance maladie, en dehors du Programme national de dépistage organisé.

Sources : 

Dépistage du cancer du col de l’utérus : le test HPV recommandé chez les femmes de plus de 30 ans. Santé Publique France. 10 juillet 2020.

Étude Ifop pour ELLE réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 28 au 29 janvier 2019 auprès d’un échantillon de 1 007 femmes, représentatif de la population féminine âgée de 18 ans et plus résidant en France métropolitaine.

Merci au Dr Andreea Matefi, docteur en médecine, Spécialité médecine générale et titulaire du DIU en Gynécologie médicale. 



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Cet article a été écrit par affinite