Ce n’est pas l’antique bibliothèque d’Alexandrie mais c’est virtuellement tout aussi impressionnant. La « Bibliothèque libre » est un projet de RSF visant à rendre accessibles, sur le jeu Minecraft, des textes ou des articles d’auteurs qui ne peuvent s’exprimer librement dans leurs pays. Ainsi, les joueurs du titre de Mojang peuvent consulter librement ces textes même s’ils habitent l’un des pays qui pratique la censure sur Internet.
RSF s’appuie sur un paradoxe intéressant : dans ces pays la parole est brimée mais l’accès à Minecraft est ouvert. L’association n’hésite pas à nommer ces pays dans lesquels les journalistes à l’origine de ces écrits sont « interdits, emprisonnés, exilés, voire tués ». Il s’agit principalement de l’Arabie Saoudite, de l’Egypte, du Mexique de la Russie et du Vietnam. Cet énorme projet de contournement est expliqué en détails sur un site dédié : uncensoredlibrary.com
12,5 millions de blocs assemblés en 250 heures
La grande bâtisse de 12,5 millions de blocs a nécessité trois mois de construction, soit plus de 250 heures de travail de la part de 24 joueurs/constructeurs issus de 16 pays. « Le dôme principal du bâtiment atteint près de 300 mètres de largeur ce qui en ferait le deuxième plus grand au monde », selon RSF.
Les joueurs peuvent donc se rendre dans cette bibliothèque virtuelle et y consulter les articles de Jamal Khashoggi, assassiné en Turquie en 2018, de l’avocat vietnamien, Nguyen Van Dai, ou encore de la journaliste russe Yulia Berezovskaia.
Leurs écrits sont regroupés dans des livres virtuels de 100 pages maximum en anglais et dans leur langue d’origine. Près de ces textes censurés, les visiteurs pourront également consulter le classement mondial de la liberté de la presse édité chaque année par l’association ainsi que divers documents qui sont difficilement accessibles dans les pays ou la liberté d’expression est muselée.
RSF espère que l’originalité de cette initiative ainsi que la popularité d’un jeu aussi célèbre que Minecraft (145 millions de joueurs actifs) aideront à faire connaître la situation de ces journalistes auprès d’un public plus jeune et potentiellement moins informé des pratiques de certains régimes autoritaires.