Cinq ans de suite couronné « pays le plus heureux du monde », c’est ce qu’on appelle un succès ! Pourtant, les habitants eux-mêmes, et jusqu’au gouvernement, sont très sceptiques sur la question. Et s’il s’agissait d’une énorme imposture ?
Les pays Scandinaves, leur nuit perpétuelle (en hiver), leur jour sans fin (en été), et… le bonheur que le monde entier leur envie. Le Danemark, avec son concept de « hygge », a longtemps été présenté comme le symbole du bonheur nordique. Mais récemment, c’est la Finlande qui a eu l’honneur d’être couronnée comme « pays le plus heureux du monde » pendant cinq années consécutives.
Alors, ça fait quoi d’habiter dans ce monde de Bisounours ? Slate.com a posé la question à Jukka Savolainen, un journaliste finlandais, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il est plutôt ironique sur la question, et affirme catégoriquement qu’il est loin d’être le seul habitant du pays a être carrément sceptique sur cette histoire de bonheur. Il relate une anecdote où un membre du gouvernement finlandais, présenté comme le représentant du pays le plus heureux, aurait rétorqué : « Si c’est vrai, je ne veux pas voir les autres nations. »
« Si c’est vrai [que nous sommes les plus heureux], alors… je ne veux pas imaginer les autres »
Le bonheur scandinave ne repose pas uniquement sur le « hygge » danois ou le « kalsarikännit » finlandais (l’art de boire seul chez soi en sous-vêtements… tout un programme de « bonheur », non ?). Savolainen suggère que c’est plutôt l’héritage luthérien et la loi de Jante, qui prône la modestie, qui pourraient être à l’origine de cette perception du bonheur. Cette éthique contraste fortement avec la culture américaine, axée sur la réussite et l’accumulation de richesses, et qui conduit d’autres nationalités à se sentir malheureuses en estimant qu’elles n’ont jamais assez ou qu’elles ne feront jamais assez bien.
Le bonheur scandinave serait en réalité « l’art de boire seul chez soi en sous-vêtements »…
Mais alors, qu’est-ce qui définit vraiment le bonheur pour les Scandinaves ? Selon Savolainen, c’est l’état d’esprit de « lagöm », un terme suédois qui signifie « juste ce qu’il faut ». C’est une philosophie qui prône l’équilibre, la mesure et l’éthique. Les Scandinaves sont éduqués pour croire que ce qu’ils ont est suffisant, évitant ainsi les déceptions.
En fin de compte, le véritable bonheur pourrait résider dans la capacité à apprécier les petites choses, à établir des attentes réalistes et à trouver un équilibre dans la vie. Le mythe du bonheur scandinave, tel qu’il est souvent présenté, pourrait bien être une interprétation simplifiée d’une culture complexe et nuancée.