Pourquoi certaines personnes pleurent après l’orgasme ?



Pleurer après un orgasme peut être déroutant. Pourquoi un moment qui est censé provoquer de la joie et un sentiment de bien-être, fait couler des larmes ? Une sexologue nous éclaire sur le sujet.

Le sexe réduit la douleur, facilite le sommeil, stimule la bonne humeur, renforce le système immunitaire, mais il peut aussi donner lieu à des effets inattendus et surprenants. Lors d’un orgasme, la décharge hormonale peut déclencher des larmes sans raison apparente. Est-ce des larmes de joie, de soulagement, de tristesse, de colère ? Qu’est-ce qui les provoque ? Diane Deswarte, sexologue et fondatrice du Club Kamami, fait le point sur les raisons qui pourraient déclencher les larmes après un orgasme.

« Le plaisir sexuel, l’orgasme, sont des bombes émotionnelles »

Cela peut arriver à tout le monde pourtant cela reste un sujet dont on parle peu. La première fois que cela survient, la personne concernée peut se sentir décontenancée. D’où proviennent les larmes ? Pleurer pendant ou après l’orgasme, ce n’est pas forcément synonyme de tristesse. Un orgasme très puissant peut entraîner un relâchement total, quand la vulnérabilité du moment peut déclencher différents sentiments. Pourtant, pour certaines personnes, les larmes peuvent s’accompagner d’angoisse et d’anxiété. « Le plaisir sexuel, l’orgasme, sont des bombes émotionnelles », annonce d’emblée la Diane Deswarte. « C’est un shoot en intraveineuse de relaxant musculaire, d’antidouleur, dès lors, parfois les nerfs lâchent parce que le cerveau sature en émotion, on se met alors à pleurer. » Lorsque l’on a un orgasme, on libère des neurotransmetteurs tels que la dopamine, qui rend euphorique, la sérotonine – l’hormone du bonheur, et des endorphines, qui relaxent le corps et nous place dans un état de plénitude. Ces molécules ont des vertus positives, pourtant, « la redescente de ce cocktail hormonal peut nous faire pleurer ».

Différentes raisons peuvent expliquer les larmes

La fondatrice du Club Kamami indique qu’il existe encore « trop peu d’études à ce sujet ». Elle présente plusieurs hypothèses qui expliqueraient les larmes lors de l’orgasme :

  • La joie et l’euphorie dues à un bonheur intense.
  • La décompression, « quand on est sous tension au quotidien, le sexe peut devenir une forme de soupape de décompression, on rêlache la tension et on peut pleurer », confit la sexologue.
  • Avec un regard psychanalytique, les larmes pourraient être liées à « la fin du rapport, qui signe la fin de l’attention portée par le partenaire ».
  • Le retour à la réalité, au quotidien qui angoisse, peut également être une piste.
  • Un traumatisme « lorsqu’une personne a subi des violences et/ou des abus, le rapport sexuel peut être à l’origine d’une remontée de ce traumatisme, et donc déclencher des pleurs« .
  • Un rapport à la sexualité culpabilisant, « si une personne ressent de la honte, a un lien difficile avec la sexualité, l’orgasme peut éveiller en elle des émotions fortes ».

Les larmes peuvent donc être liées à une émotion positive, un plaisir intense, mais également à quelque chose de négatif, des souvenirs désagréables, des traumatismes, un mal-être : la dysphorie post-coïtale.

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C’est quoi la dysphorie post-coïtale ou le « blues post sexe » ?

Le blues post-sexe, dont le terme médical est la dysphorie post-coïtale, est un sentiment complexe, qui mêle mélancolie, irritabilité et agitation. « C’est une émotion très négative, les pleurs s’accompagnent de souffrance, tristesse, stress, anxiété ou agressivité » définit Diane. Peu mise en avant, cette souffrance touche de nombreuses personnes. Un sondage de 2015 publié dans la revue Sexual Medicine, indique que 46% des étudiantes interrogées déclarent avoir déjà vécu au moins une fois au cours des quatre dernières semaines une dysphorie post-coïtale, 5% se sentent tristes et seules après de nombreux rapports sexuels. Mais les femmes ne sont pas les seules concernées. Une étude publiée en 2020 dans le Journal of Sexual Medicine, indique que les hommes, aussi, peuvent connaître ces sentiments. Toutefois, les femmes présentent plus fréquemment des modifications de l’humeur. Elles ressentent de la frustration, de l’inutilité, quand les hommes eux, se sentent malheureux ou ont le sentiment de manquer d’énergie. Pour 73,5% des participants, les symptômes sont apparus après un rapport sexuel consenti. Chez 46%, ils sont survenus après la masturbation et 33% des répondants n’ont ressenti des symptômes qu’après l’orgasme.

« La raison biologique de la dysphorie post-coïtale pourrait s’expliquer par l’amygdale »

Mal connue et peu étudiée, les scientifiques se penchent de plus en plus sur les raisons biologiques qui expliquent la dysphorie post-coïtale. Certains évoquent des problèmes hormonaux, quand d’autres mettent le doigt sur l’amygdale. « La raison biologique de la dysphorie post-coïtale pourrait s’expliquer par l’amygdale », souligne la sexologue. Il s’agit de la glande dans le cerveau qui permet de rester en alerte, attentive face à un danger. « Lors d’un rapport, elle se met en repos. Durant la phase réfractaire, le réveil se met en route, l’amygdale presque anesthésiée se réactive alors d’une façon brusque, ce réveil peut déclencher cet état de détresse. »

L’orgasme est un moment censé être joyeux. Dès lors, les larmes peuvent susciter des sentiments divers, décontenancer le partenaire, mais aussi perturber la personne qui pleure, créer un malaise, de l’incompréhension. « La meilleure chose à faire est de demander à la personne qui pleure ce dont elle a besoin », ajoute Diane. Est-ce que ça va ? Est-ce que tu as envie qu’on discute ? Veux-tu que je te prenne dans mes bras ou préfères-tu rester tranquille ? La sexologue relève qu’il faut montrer à l’autre que l’on est présent, à l’écoute. Dans le cas où c’est une réaction fréquente, ne pas hésiter à « en parler hors du lit, évoquer la sexualité dans un cadre neutre. Ainsi, il sera possible d’anticiper les réactions afin de savoir comment réagir ». Une chose est sûre, il est nécessaire de communiquer. « Certains voudront un énorme câlin, être rassuré, quand d’autres préféreront qu’on les laisse en paix. » Si les larmes surviennent de façon épisodique et s’accompagnent d’un bonheur et d’une plénitude, il convient de ne pas s’inquiéter. En revanche, si elles sont systématiques, elles peuvent avoir un lien avec un traumatisme, et ainsi développer un fossé entre le plaisir et le traumatisme, qu’il soit conscient ou non. Dès lors, il peut être nécessaire de consulter un professionnel, tel qu’un psychologue ou un sexologue.

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Cet article a été écrit par affinite