Un « jour historique », le jour où « les Mac ont atteint un nouveau niveau », « un énorme bond en avant pour les Mac », les formules choc n’ont pas manqué pendant la keynote d’Apple pour souligner l’importance de la plus grosse annonce de cette conférence en ligne. Les Mac viennent bel et bien d’entamer leur transhumance vers des puces ARM, développées en interne par les ingénieurs d’Apple. Cette nouvelle famille de SoC a un nom : Apple Silicon. Une nouvelle étape dans l’intégration entre logiciel et matériel.
Le rappel de progrès colossaux…
Johny Srouji, senior vice-président (SVP) des technologies matérielles d’Apple, qui supervise le développement des puces qui animent les iPhone et les iPad depuis des années, a tenu a remettre en perspective avec quelques chiffres les progrès des puces maison. Au cours de leur histoire et au fil de dix générations de puces, les performances des processeurs des iPhone ont été multipliées par… 100. L’arrivée des écrans Retina sur les iPad a obligé les équipes d’Apple à doper les performances graphiques des tablettes. Entre le premier iPad et le dernier lancé, les performances graphiques ont été multipliées par… 1000, en dix ans. Des gains incroyables, avec toujours à la clé, un élément central le rapport de performance par watt. Autrement dit la puissance déployée en rapport de la consommation d’énergie requise. Car les puces d’Apple ont été conçues dès le départ pour des appareils mobiles.
… et la promesse d’un avenir radieux
Pour Johny Srouji, ces nouvelles puces vont apporter aux Mac un tout nouveau niveau de performances, tout en consommant moins que les puces Intel actuelles. Mais la puissance n’est qu’une partie de la promesse. Pour ses puces ARM, Apple a développé de nombreuses fonctionnalités. On pense, notamment, à l’optimisation de la consommation d’énergie, à la Secure Enclave, qui sécurise l’accès aux données stockées sur l’appareil. Mais il y a aussi l’intégration de réseaux neuronaux pour faciliter l’application d’algorithmes venus du machine learning ou encore les performances obtenues pour l’édition de flux vidéo 4K.
D’autant qu’Apple indique clairement qu’il a commencé à développer des puces spécifiquement pour ses Mac. Il ne se contentera pas de reprendre les puces produites pour les iPad, comme on l’a vu pendant une démonstration. Bref, les Mac embarquant des puces Apple Silicon ont donc de beaux atours…
Une transition en douceur ?
Mais, évidemment pour que ces nouvelles puces aient un sens, il est nécessaire que des logiciels fonctionnent sur les Mac qui les intégreront. Sur ce point, Craig Federighi, SVP logiciel, s’est voulu très rassurant.
Tout d’abord, macOS Big Sur, la nouvelle itération du système d’exploitation des Mac, fonctionne déjà sur ARM.
Ensuite, toutes les applications d’Apple, qu’elles soient grand public ou pro, sont déjà portées pour fonctionner sur ces nouvelles puces. Elles tourneront nativement, pour profiter pleinement des performances de ces nouvelles puces.
Enfin, Apple doit penser au reste de son écosystème logiciel. Une nouvelle version de Xcode est disponible pour les développeurs afin de leur permettre de porter facilement leurs programmes. Craig Federighi promet qu’une vaste majorité des développeurs pourront adapter leurs applications très facilement, d’une simple recompilation à quelques jours de travail. Une promesse qui rappelle celle faite pour Catalyst, qui devait faciliter l’adaptation d’une application iPad au Mac, avec un succès mitigé en réalité. Il faudra voir ce qu’en disent les développeurs.
Apple introduit aussi Universal 2 (les applications universelles ayant fait leur apparition au moment du passage aux puces Intel), de nouveaux binaires pour distribuer les applications, qui seront compatibles avec les puces Intel et Apple. Microsoft travaille déjà à porter Office, tandis qu’Adobe adapte Photoshop et ses autres outils.
Au-delà de la facilité qu’auront les développeurs désormais à créer une application qui tournera sur tous les appareils Apple, du Mac à l’iPhone en passant par l’iPad, ces nouveaux Mac apportent une bonne surprise : la possibilité de faire tourner des applications iOS et iPadOS directement sur macOS.
Evidemment, Apple a également prévu le cas des logiciels macOS qui ne seront pas adaptés immédiatement. Pour cela, il y aura Rosetta 2, un outil qui convertit les applications lors de leur installation, afin qu’elles soient les plus rapides possibles. Une fois encore, ceux qui ont utilisé le premier Rosetta se souviennent des promesses et de la réalité. Soyons donc patients et prudents. De même, attendons de voir ce que donnera l’outil de virtualisation intégré à Big Sur qui devrait permettre de faire fonctionner d’autres systèmes d’exploitation sur les Mac ARM, comme Linux ou Windows.
Pour amorcer cette transition, Apple commence par les développeurs et met à disposition un Developer Transition Kit matériel, disponible dès cette semaine. Il s’agit d’un Mac mini, équipé d’une puce A12Z, celle présente dans les derniers iPad Pro. Pour le grand public, les premiers Mac ARM arriveront en fin d’année.
Prudent, Apple annonce que la transition durera deux ans, et que les Mac Intel sont encore là pour durer. D’ailleurs de nouveaux Mac Intel sont attendus prochainement, expliquait Tim Cook. On est curieux de les voir arriver et de les tester, bien sûr, mais on sait désormais où est le futur !