MASQUE DE PROTECTION – Pour limiter la transmission du coronavirus, le port du masque est recommandé à tous en France et obligatoire dans les transports et certains magasins. Pharmacies, Intermarché, Internet… Où trouver un masque chirurgical jetable, en tissu lavable ou aux normes AFNOR et à quel prix ?
[Mis à jour le jeudi 14 mai à 15h35] Chirurgical bleu ou blanc, en tissu, à « bec de canard », 3 plis, aux normes AFNOR, lavable, jetable… Mettre un masque de protection permet de limiter la propagation de l’épidémie de Covid-19. Il est désormais recommandé pour le grand public et obligatoire dans certains lieux publics et pour certaines professions depuis le 11 mai. A quoi ça sert ? Où s’en procurer ? Comment le faire soi-même ? Le nettoyer ou le mettre ? Nos conseils.
Le masque sert à éviter de contracter un virus, comme celui de la grippe, du Covid-19 ou de toute autre maladie virale. Mais aussi à protéger les autres si on est soi-même malade. Ainsi, une personne qui présente des symptômes d’infection respiratoire ou suspectée d’être malade peut porter un masque chirurgical pour protéger les autres de ses symptômes (à la maison, dans les lieux publics…). Le masque peut également servir dans un contexte de prévention de l’exposition au virus. Il a un « effet barrière » qui va empêcher le passage des particules bactériennes et virales. « Le mode de transmission du coronavirus est sensiblement le même que celui de la grippe, c’est-à-dire qu’il se transmet d’homme à homme lors de contacts rapprochés (se toucher ou se serrer la main par exemple) et par voie aérienne en toussant ou en éternuant (gouttelettes de salive, postillons) » précise Pierre Parneix, médecin hygiéniste et praticien hospitalier en Santé publique au CHU de Bordeaux et responsable du Centre d’appui à la prévention des infections associées au soins (CPIAS) de Nouvelle Aquitaine.. Malheureusement, le port du masque n’est pas une pratique culturelle en France à l’inverse d’autres pays comme en Asie. « Au lieu de remercier les gens qui portent des masques car elles nous protègent de leurs virus, on a plutôt tendance à les juger comme « dangereuses ». C’est un regard qu’il faut vraiment changer ! Porter un masque est pourtant un très bon réflexe« , poursuit notre interlocuteur.
→ Dans les magasins
Dans les commerces, le port du masque est recommandé pour le personnel comme pour les clients lorsque la distanciation physique n’est pas possible. Un magasin peut s’il le juge utile, imposer le port du masque à ses clients. Le port du masque est notamment obligatoire dans les salons de coiffure, indique Franck Provost, coiffeur et président du Conseil national des entreprises de coiffure (CNEC) sur RTL, au risque de voir son rendez-vous être annulé.
→ Dans les transports
Depuis le 11 mai, début du déconfinement, le port du masque est obligatoire dans les transports en commun publics, pour tous les usagers de 11 ans et plus, ainsi que pour le personnel dans les gares et dans les transports (train, bus, tramways, métro, RER…), mais aussi dans les avions de la compagnie Air France. Son non-port dans les transports ou dans les gares entraîne une amende de 135 euros. Des masques chirurgicaux sont distribués à tous les voyageurs en entrée de gare pendant les trois premières semaines du déconfinement, soit du 11 au 31 mai. Ensuite, des masques chirurgicaux sont disponibles à la vente dans tous les points de vente du réseau RATP ainsi que dans des distributeurs automatiques, au prix de 95 centimes d’euro, un tarif fixé par Bercy.Pour les usagers du métro, des masques en tissu sont disponibles aux guichets et distribués aux détenteurs des pass Navigo (abonnement pour le métro francilien), a annoncé Valérie Pécresse, la Présidente de la région Ile-de-France dans un article du JDD le 3 mai. A noter que tous les les chauffeurs de bus, de taxis et de VTC lorsque le véhicule ne dispose pas d’une vitre de protection en plexiglas. « Les personnes qui voudront prendre un VTC, un taxi ou pénétrer dans une gare sans masque pourront se voir refuser l’accès », a indiqué le secrétaire d’Etat chargé des Transports Jean-Baptiste Djebbari sur CNEWS.
→ Dans les établissements scolaires
Le port du masque est obligatoire pour tous les enseignants, quelque soit le niveau d’enseignement, et le personnel de l’établissement scolaire lorsque la distanciation physique d’un mètre n’est pas possible. De même, tous les professionnels de la petite enfance sont obligés de porter un masque pour s’occuper des enfants, dès lors que la distance physique d’un mètre n’est pas possible.
Masque de protection : c’est quoi ?
Le masque de protection, aussi appelé « anti-virus » ou à usage médical, est un dispositif médical destiné à filtrer les bactéries et à éviter de contracter un virus, comme celui de la grippe ou toute autre maladie virale. « Ces masques sont généralement portés au bloc opératoire pour éviter d’abord que les bactéries de la bouche du chirurgien ne soient projetées sur plaie chirurgicale du patient, mais peuvent aussi être portés par le grand public pour se protéger des micro-organismes dans un contexte d’épidémie, comme la grippe ou le Covid-19 par exemple« , indique le Dr Pierre Parneix. Il existe plusieurs types de masque qui ont des niveaux de filtration variables. « Pour définir le niveau de filtration, on réalise un test avec un aérosol contenant des souches de staphylocoque doré« , explique le spécialiste.
• Masque chirurgical, canard
Ces masques peuvent être de type I qui filtre 95% des bactéries ou de type II qui filtre plus de 98% des bactéries. On distingue les masques de type 2 normaux et ceux de type R qui sont plus étanches et résistants aux projections. Ils sont à usage unique et donc jetables au bout de 3 à 4 heures d’utilisaiton.
• Masque FFP1, FFP2, FFP3
Un masque FFP est un appareil de protection respiratoire destiné à protéger celui qui le porte contre l’inhalation à la fois de gouttelettes et de particules en suspension dans l’air. Le port de ce type de masque est plus contraignant (inconfort thermique, résistance respiratoire) que celui d’un masque chirurgical. Il est réservé aux professionnels de la santé de toute la chaîne (transport sanitaire, pompiers, médecins libéraux, infirmiers…) et n’est pas à destination du grand public.
→ Le masque FFP1 filtre au moins 80 % des aérosols de taille moyenne 0,6 µm.
→ Le masque FFP2 filtre au moins 94 % des aérosols de taille moyenne 0,6 µm.
→ Le masque FFP3 filtre au moins 99 % des aérosols de taille moyenne 0,6 µm.
• Visière de protection
A défaut de trouver des masques, beaucoup de Français optent pour le port de visières de protection pour se protéger du coronavirus. Dans les hôpitaux, ces équipements font partie des éléments de protection à porter lors de la prise en charge des patients suspects/infectés par le Covid-19.
Face à la pénurie de masques chirurgicaux et FFP, l’Association française de normalisation (Afnor) a mis à disposition gratuitement des nouveaux modèles de masques, dit « masques barrières » à destination des professionnels, mais également des particuliers. Ce masque vise protéger la population, en complément des indispensables gestes barrières face au coronavirus. Il répond à des normes validées par près de 150 experts :
- Préférer les matières validées par la Direction générale de l’armement ou par la Société française d’hygiène hospitalière comme la toile de coton de 150 g/m² pour l’enveloppe extérieure et du viscose de 130 g/m² pour la couche intérieure.
- Eviter les tissus trop chauds ou potentiellement irritantes
- Le masque doit être lavé en machine à 60°C, dans un cycle de 30 minutes (cycle coton) après chaque utilisation.
- Éviter les masques avec une couture verticale sur le devant : « il convient néanmoins d’être vigilant aux modèles comportant une ou plusieurs coutures verticales, le long du nez, de la bouche et du menton. Cette solution n’a pas été retenue par les experts lors de la rédaction de l’Afnor car il y a un risque de fuite par la couture). », peut-on lire sur le site de l’Afnor.
Le masque « grand public » ou « alternatif » est un complément aux gestes barrières. Il est en tissu lavable (en machine à 60° pendant un cycle de 30 minutes) et donc réutilisable plusieurs fois. Il a des propriétés de filtration allant d’au moins 70% à plus de 90% de filtration des particules émises d’une taille égale ou supérieure à 3 microns. Il peut être fabriqué de manière artisanale (fait-main à partir de tutoriels ou modèles de patron disponibles sur Internet, diffusé par l’Afnor ou le CHU de Grenoble par exemple), plat ou à plis, mais aussi de manière industrielle. Les autorités sanitaires françaises ont d’ailleurs validé plus de 80 prototypes à près de 50 entreprises issues de la mode et du textile. Un masque grand public aux normes doit présenter ce logo officiel bleu, blanc et rouge (à droite) avec en sous-texte son nombre de lavages maximum.
S’il n’est pas en tissu, le masque est dit « jetable ». C’est le cas du masque chirurgical (vendu en pharmacie ou sur internet) qui a une durée de vie de 3 à 4 heures. « Au-delà, il faut le jeter à la poubelle. Le masque est à usage unique et en aucun cas lavable ou réutilisable. Après chaque sortie, dès le retour à la maison, il ne faut pas le manipuler et le jeter car il est potentiellement contaminé« , prévient le Dr Parneix. Il ne faut donc pas réutiliser un masque dès lors qu’il a été manipulé et ôté du visage. Le masque de type FFP a quant à lui une durée de 8 heures.
Depuis le 28 avril, l’Afnor a mis à disposition un patron pour réaliser un masque junior, spécialement conçu pour les enfants à partir de 7 ans, un âge à partir duquel l’enfant comprend et accepte l’importance des gestes barrières et à partir duquel le port du masque est recommandé. En revanche, « le port du masque est prohibé pour les enfants en maternelle et n’est pas recommandé en élémentaire, a annoncé le Premier ministre Edouard Philippe lors de son discours du 28 avril devant l’Assemblée nationale, mais l’Education nationale mettra des masques à disposition au cas où un enfant présente des symptômes et le temps que ses parents viennent le chercher. Pour les collégiens, les masques seront obligatoires. »
- Pour les enfants de moins de 2 ans, porter un masque présente un risque d’étouffement et doit être prohibé : « quand l’enfant n’est pas capable d’enlever le masque seul, ce dernier n’est pas recommandé « , indique le Dr Damien Mascret sur France 2.
- Pour les enfants de moins de 6 ans, « le port du masque est fortement déconseillé pour les moins de 6 ans car pouvant être dangereux« , alerte Jean Castex, le coordinateur national à la stratégie de déconfinement, le 6 mai lors d’une audition au Sénat.
- Pour les enfants de 6 à 12 ans, le masque est recommandé, « et du coup, nous en mettrons à disposition des écoles. […] Il sera obligatoire dès lors que l’enfant présente le moindre symptôme en attendant le test« , poursuit-il.
- Au collège, le port du masque sera obligatoire et chaque collégien bénéficiera d’un masque s’il ne peut pas s’en procurer un par lui-même.
• Supermarché : Intermarché, Auchan, Carrefour…
Depuis le lundi 4 mai, les enseignes de la grande distribution alimentaire (Auchan, Aldi, Carrefour, Colruyt, Cora, Groupe Casino, Intermarché, Leclerc, Lidl, Netto, Supermarché Match, Système U) confirment que des masques grand public (en tissu et réutilisables) et des masques à usage unique sont mis en vente, dans des magasins et drive, avec des approvisionnements qui monteront en puissance après le 11 mai, apprend-on dans un communiqué publié le 29 avril publié par le ministère de l’Économie et la Fédération du commerce et de la distribution (FCD).
• Pharmacie
Depuis le 27 avril, les pharmacies sont également autorisées à vendre des masques grand public à leurs clients sans avoir besoin d’une ordonnance médicale. Cependant, les officines ne peuvent vendre uniquement « des masques non-sanitaires fabriqués selon un processus industriel et répondant aux spécifications techniques applicables », selon un arrêté, c’est-à-dire des masques en tissu qui ne correspondent pas aux masques chirurgicaux ou aux masques FFP2, ces derniers étant réservés pour les soignants.
• Internet
Attention, des tas de modèles sont en vente sur internet, sur Amazon ou CDiscount par exemple. Mais tous ne sont pas efficaces. Si vous souhaitez acheter en ligne, privilégiez les masques conformes à la norme française et européenne « NF EN 14683 » ou qui répondent aux normes établies par l’Afnor, avec le logo NF. Pour y voir plus clair, la Direction générale des entreprises a publié une liste des vendeurs et fabricants qui sont positifs aux tests de filtration.
• Villes qui en distribuent
Plusieurs villes ont déjà commencé à distribuer des masques « grand public ». Par exemple :
- A Nice, le maire Christian Estrosi a pris lundi 11 mai un nouvel arrêté qui rend obligatoire le port du masque dans l’espace public quand la distanciation physique n’est pas possible. La Ville de Nice a souhaité mettre à disposition gratuitement des masques pour la sécurité de tous. Toutes les modalités pour obtenir des masques sont indiquées sur le site de la ville.
- A Lyon, les Lyonnais qui avaient réservé leur masque les récupèrent à partir du lundi 11 mai dans des gymnases, au créneau horaire qui leur a été indiqué.
- A Rennes, l’une des premières villes de France à annoncer qu’elle équiperait l’ensemble de sa population en masques en tissu, a mis en ligne un formulaire pour s’inscrire et pour choisir la date et le lieu du retrait du masque. Dimanche 10 mai au soir, 42 000 des 250 000 masques avaient déjà été distribués.
- A Nantes, d’ici le vendredi 15 mai 2020, 282 000 masques grand public vont être distribués dans les boîtes aux lettres des nantais. Le mercredi 6 mai, près de 70% de la distribution avait déjà été effectuée.
Pour fabriquer un masque « fait maison », vous pouvez télécharger et imprimer un patron. L’Afnor a mis à disposition plusieurs patrons de masques sur son site internet : de type « bec de canard » ou à plis. Pour confectionner votre masque, il est conseillé d’utiliser :
- deux couches de toile de coton (ou un tissu non-tissé en polypropylène), enserrant une couche de viscose (soie artificielle), de polyester ou de polyamide pour les masques classiques
- deux couches de popeline de coton pour les masques 3 plis.
- du fil solide pour les coutures.
>> Voir tous les patrons de masques réalisés par l’AFNOR
Si vous n’avez pas de machine à coudre, le Professeur Garin, ancien Médecin du Service de Santé des Armées et expert en risque biologique et infectieux a réalisé une vidéo sur YouTube pour réaliser un masque en papier très facilement à l’aide d’une feuille en papier essuie-tout ou d’une serviette en papier, des élastiques et une agrafeuse pour fixer le masque.
Comment mettre un masque ?
Le masque de protection n’est efficace que s’il est bien porté. Les conseils du Dr Parneix pour le positionner correctement :
- Pour les masques chirurgicaux bleus et blancs : en général, la face colorée doit se trouver vers l’extérieur et non contre la bouche. Le côté blanc est la face absorbante : elle doit être appliquée contre la bouche. Le côté rembourré de la barrette nasale doit être placé sur la bosse du nez pour bien protéger le nez.
- Pour les masques en tissu : le masque doit être bien enveloppant et passer sous le menton pour bien protéger la bouche et le nez.
- Pour tous les masques : préférer les masques avec des attaches élastiques plutôt que des lanières : le masque sera plus simple à enfiler.
→ En pharmacie : Publié le 25 avril 2020 au Journal Officiel, un arrêté encadre désormais le prix de vente d’un masque en officine. Le texte indique que les pharmaciens peuvent proposer des « masques non sanitaires fabriqués selon un processus industriel et répondant aux spécifications techniques applicables » à un tarif fixé entre 2 et 5 euros.
→ En supermarché : le prix d’un masque en tissu réutilisable en grande surface est compris entre 2 et 3 euros et le prix d’un masque chirurgical, à usage unique et donc jetable, à moins d’un euro.
→ Au bureau de tabac : le prix d’un masque en tissu est d’environ 5 euros, d’après le président de la Confédération des buralistes.
→ Sur Internet : les prix des masques en tissu varient selon les modèles, les fabricants et les normes suivies. On en trouve généralement entre 4 et 20 euros.
Le port prolongé des masques de protection peut entraîner des irritations cutanées à cause des frottements et des frictions, et à terme, une dermite cutanée, qui se caractérise par des rougeurs, des démangeaisons voire des lésions qui peuvent s’infecter. Pour limiter ce risque, des recommandations ont été émises par la Pr Karen Ousey, Directrice de l’Institut de la peau et de prévention des infections britannique, en avril 2020 :
- Hydrater son visage 30 minutes avant de porter un masque avec une crème hydratante sans alcool, ni parfum.
- Retirer le masque toutes les deux heures pour laisser sa peau respirer en ne touchant que les élastiques latéraux qui enroule l’oreille de part et d’autre du visage, et jamais la partie extérieur du masque.
- Se laver les mains avant et après chaque manipulation du masque.
- Se nettoyer la peau après avoir porté un masque et avant d’en remettre un.
- Utiliser un brumisateur d’eau thermale spéciale « anti-irritation » au cours de la journée si la peau est sensibilisée ou tiraillée.
- Se laver le visage le matin et le soir avec de l’eau tiède pour éliminer toutes les bactéries et les impuretés et le sécher en tamponnant avec une serviette propre.
- Appliquer une crème ou un soin réparateur avant d’aller se coucher pour qu’elle fasse effet pendant la nuit.
- Eviter le maquillage en cas de problèmes cutanés.
Soutenu par la direction générale de la Santé, le Ministère du Travail a autorisé, jeudi 26 mars 2020, l’usage de masque de protection (de type FFP2) périmé, à condition que la date de péremption ne dépasse pas 6 mois, et que « des consignes strictes sont respectées avant leur utilisation ». Pour être efficaces, ces masques périmés doivent « avoir été stockés dans les conditions de conservation conformes à celles prévues par le fabricant ou le distributeur » et « avoir fait l’objet de quatre tests successifs » avant leur utilisation. Ces tests ont pour but de vérifier l’intégrité des conditionnements, l’apparence (la couleur d’origine), la solidité des élastiques et de la barrette nasale de maintien du masque, et l’ajustement du masque sur le visage.
Merci au Dr Pierre Parneix, médecin hygiéniste et praticien hospitalier en Santé publique au CHU de Bordeaux et responsable du Centre d’appui à la prévention des infections associées au soins (CPIAS) de Nouvelle Aquitaine.