Quand il y a des choses que l’on ne maîtrise pas très bien, il vaut mieux ne pas les dire, et surtout pas à des journalistes. Il y a quelques jours, Challenges s’est fait l’écho d’une réplique de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale. Depuis le début du confinement, les serveurs de l’école à la maison sont en surchauffe, avec à la clé de nombreuses ruptures de services. Pour expliquer en partie ces difficultés techniques, le ministre a déclaré :
« Il a fallu faire face à des attaques informatiques multiples, notamment venues de Russie. Mais nos pare-feu sont robustes. »
Il n’en a pas fallu plus pour enflammer la twittosphère qui juge cette déclaration particulièrement fumeuse.
Blanquer dénonce les hackers russes qui s’attaqueraient aux serveurs de l’éducation nationale ?
Ils doivent bien rigoler à l’@ANSSI_FRhttps://t.co/a0agkfk5jU
— Jill Royer (@JillRoyerFr) March 29, 2020
Avec Blanquer qui accuse maintenant les hackers russes pour les défaillances des plateformes de l’éducation nationale, c’est vraiment un gouvernement de “c’est pas moi c’est l’autre”.
— towanda_threadgoode (@Towanda_Thread) March 29, 2020
Quand tu es ministre, que tu essaies de cacher ton incompétence derrière de faux hackers russes… et que ça se voit tellement que ça en devient ridicule, réaction du monde entier : https://t.co/BGSpIgKNsr pic.twitter.com/JtUNzEkRA0
— ???Steph??? (@technofeliz) March 29, 2020
Parmi les plus incisifs, il y a Julien Gossa, un chercheur en informatique de l’université de Strasbourg, qui pense qu’il s’agit là d’une « manipulation grossière » dont le but est de camoufler les failles de l’action gouvernementale.
La manipulation est grossière. On est censé imaginer des russes se réunir en urgence et décider « Ivan ! On va empêcher les petits français de travailler ce lundi matin, Tovaritch », le clavier entre les dents ?
Pourquoi ils feraient ça ? Pour embêter Matthéo ou Jean-Michel ? pic.twitter.com/ynudnyG3e5
— Julien Gossa (@JulienGossa) March 29, 2020
Dans un long thread précédent, Julien Gossa avait déjà estimé que la surcharge des « espaces numériques de travail » (ENT) était prévisible, et que le ministre a provoqué lui-même leur « déni de service » en donnant « des ordres stupides ».
« Jean-Michel, c’est toi qui a organisé l’attaque. On appelle ça un DoS (Deny of Service). Ça consiste à être nombreux sur un serveur pour le faire craquer. T’as demandé à tous les profs et tous les élèves de France d’organiser un DoS », explique-t-il dans l’un des tweets.
Mais certains, comme l’utilisateur « Banane », ne trouvent pas totalement irréaliste que des hackers se soient déchaînés contre les serveurs de l’Éducation nationale. Car finalement, les hackers s’attaquent à tout et n’importe quoi.
Et pourtant il est probable que les site de l’éducation nationale soient la cible de hackers, et notamment russes. C’est le cas chaque fois qu’un site sensible ou d’état est mis en service. Il ne faut pas voir derrière tout ça la main du Kremlin, ça n’a rien à voir.
— Banane (@banane353) March 29, 2020
Nous avons envoyé une demande auprès du ministère de l’Éducation nationale pour en savoir plus sur ces mystérieuses attaques venues de Russie. Mais pour l’instant, nous n’avons eu aucune réponse.
Source: Challenges